Le président de la République est hospitalisé depuis une vingtaine de jours en France mais, malheureusement, les Algériens ne savent rien de son état de santé, à tel point que les gens sont obligés de se rabattre sur les rumeurs les plus folles et les plus alarmantes. Ils sont maintenant accrochés aux chaînes de télévision françaises dans l'espoir d'obtenir des informations. Le pouvoir a une étrange façon de communiquer. Ce sont par exemple MM. Abdelaziz Belkhadem et Bouguerra Soltani qui font des déclarations rassurantes, jouant ainsi au médecin. Depuis l'hospitalisation du chef de l'Etat au Val-de-Grâce, les citoyens ont eu droit à un seul bulletin médical, se mettant par la suite à chercher à décoder les propos de personnalités françaises. Cette loi du silence que se sont imposée nos dirigeants rappelle ni plus ni moins le comportement des systèmes totalitaires et dictatoriaux. Qui a décidé de cette omerta qui nous replonge dans l'époque durant laquelle est tombé malade le président Houari Boumediène ? Le peuple algérien ne mérite-t-il pas d'être sérieusement informé ? Il est vrai que ses dirigeants, qui savent solliciter ses suffrages, le considèrent comme immature et estiment par conséquent qu'il ne peut avoir droit à une information régulière. Le flou entretenu ne contribuera qu'à raviver les inquiétudes et à pousser aux interrogations les plus extravagantes. Une nouvelle fois, c'est la crédibilité des institutions qui reçoit un coup. L'Algérie donne encore une fois une image négative d'elle-même, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur. Le mépris affiché à l'égard des Algériens n'est guère rassurant alors que leur droit de savoir est inscrit dans la Constitution. L'état de santé du président Abdelaziz Bouteflika est l'affaire de tous et pas d'un cercle restreint qui se permet de faire de la rétention d'informations alors que l'aspiration à la transparence est profonde.