Rencontré sur la place Jamaâ El Fna à Marrakech, le ministre marocain du Tourisme revient dans cet entretien sur le souhait de son pays de voir les frontières avec l'Algérie levées et sur l'attentat contre le café Argana. - Pourquoi tant d'engouement au Maroc pour la réouverture des frontières ? C'est d'abord et avant tout la volonté du peuple marocain et nous sommes convaincus que c'est aussi la volonté du peuple algérien. Tous les Marocains le veulent, mais surtout ces familles qui sont dans la partie est du royaume et qui ont des familles de l'autre côté de la frontière. Aujourd'hui, nous sommes impatients et espérons que les décisions seront prises pour une liberté de circulation entre les deux pays et de contacts entre les deux peuples. - Avez-vous reçu des engagements de la part du gouvernement algérien pour une ouverture prochaine des frontières ? On a été ravi par les dernières déclarations, et puis surtout, on a eu le plaisir de recevoir dernièrement le ministre de l'Agriculture algérien que j'ai rencontré moi-même à Meknes. Il y a eu aussi le déplacement de nos ministres en Algérie. On espère fortement que ce genre d'actions aboutisse à une vraie ouverture des frontières et qu'on puisse travailler ensemble parce que l'union du Maghreb aujourd'hui s'impose plus que jamais. Il est temps de la construire, et on doit le faire avec l'ouverture des frontières. On ne pourra évoluer que ensemble. Et j'espère que ça se fera dans un avenir proche. - Quelle évaluation faites-vous de la situation du secteur du tourisme au Maroc après l'attentat de Marrakech ? Il est très difficile d'évaluer ce genre d'évènements ou de problèmes géopolitiques, mais on peut relater ce qui se fait sur le terrain. Jusqu'à présent, nous avons été très agréablement surpris par l'attitude très positive des touristes. On réalise que Marrakech a vraiment des amoureux et des passionnés qui sont très solidaires. Au lendemain même de l'attentat, les touristes ont eu un comportement très normal, ils se promenaient dans les rues de Marrakech, et les terrasses, les cafés étaient pleins. La place Jamaâ El Fna avec ses restaurants le soir était pleine aussi. Il y a eu aussi une mobilisation des Tours opérateurs et professionnels du secteur, et personne n'a déprogrammé Marrakech. Au contraire, tout le monde soutient et se mobilise. Il y a eu quelques annulations certes, mais sans effet de masse, ce qui est très bien. On sort tout de même d'un mois d'avril où il y a eu une explosion dans le secteur du tourisme avec une progression de 16% au niveau national et 18% pour la destination Marrakech. - Vous restez donc optimistes pour le déroulement de la saison touristique… On a décidé de rester optimistes à l'image de nos touristes et des gens qui sont venus nous visiter. Donc on ne peut être que comme eux, et on va continuer à travailler. Ces évènements là ne remettront jamais en cause les fondamentaux solides de la destination Marrakech qui est une destination touristique connue au niveau international. Et encore moins les fondamentaux du secteur touristique marocain ; bien au contraire, cela nous rend plus forts, plus unis et ça crée une belle dynamique qui ne fera que faire évoluer ce secteur à l'avenir. Nous garderons dans nos cœurs ce souvenir triste surtout les victimes qui y ont succombé ? - Qu'en est-il du renforcement des mesures sécuritaires ? On est soulagés après l'arrestation des auteurs, et on félicite d'ailleurs les autorités concernées pour leurs efforts et les aides qu'on a eues au niveau international à cet effet. Il y a un sentiment de soulagement, mais nous gardons une petite blessure par rapport aux victimes et familles des victimes nationales et étrangères, mais comme on dit, la vie continue et Marrakech continuera à briller. Quant au renforcement des mesures de sécurité, je dois dire que c'est déjà fait, le jour même de l'attentat. Les mesures étaient là mais elles sont encore plus renforcées. On a appris un petit peu de ce qui s'est passé, on n'était pas habitués à ce genre de chose, mais on continuera à renforcer et être plus vigilants.