Dans une conférence de presse, l'association Tagmat a dénoncé les actes de vandalisme ayant visé des stèles commémoratives en Kabylie. L'association Tagmat (fraternité), basée à Lyon, en France, et activant pour la promotion de tamazight et la réhabilitation des hommes de culture berbères, a dénoncé dimanche, dans une conférence de presse animée à Tizi Ouzou, les actes de vandalisme ayant visé particulièrement les stèles commémoratives érigées à travers des villes et villages de Kabylie à la mémoire de Lounès Matoub, le poète et chanteur kabyle, assassiné en juin 1998. Révoltés par de tels actes, les conférenciers membres de l'association, animateurs radio de leur état dans la région de Lyon, œuvrent, en France comme en Algérie, pour notamment ramasser des fonds et aider à restaurer les stèles, non seulement de Matoub Lounès, en collaboration avec la Fondation portant le nom du poète, mais aussi pour d'autres hommes ayant milité pour la culture berbère dans la région. Dans l'agenda de l'association est prévu également l'érection d'une stèle en hommage à la mémoire de Bessaoud Mohand-Arab, l'auteur de l'ouvrage historique, édité en 1964, sous l'intitulé «Heureux les martyrs qui n'ont rien vu». Cet ancien officiel de l'ALN est décédé, rappelle-t-on, au début de l'année 2002 et enterré à Akaoudj (Ouaguenoun). Agissant avec la collaboration de comités de villages et les membres de la Fondation Lounès-Matoub, les conférenciers indiquent avoir inauguré depuis 2008 à nos jours quatre stèles à l'effigie de Matoub. Profitant de leur présence en Algérie, les animateurs de Tagmat ont eu à visiter et constater avec colère, en compagnie de «Nna-Aldjia», la mère du regretté Lounès Matoub, des actes de vandalisme sur diverses stèles et plaques commémoratives du chanteur. C'est le cas notamment des monuments de Boufhima (Draâ El Mizan), de At Bougherda (Assi Youcef), de Maâtkas, de Ouaguenoun, et surtout de celui d'Ighil Imoula, à l'effigie commune avec Ali Zamoum, militant de la cause berbère, moudjahid, auteur de «Tamurt imazighen - mémoires d'un survivant 1940-1962», fondateur de l'association culturelle Tagmats à Boghni, etc. Ali Zamoum est décédé en août 2004. Dalil Makhloufi et ses camarades au sein de Tagmat, regrettent le fait que les autorités locales respectives de ces municipalités aient gardé le silence et restées indifférentes, au lieu de penser à réparer les monuments vandalisés depuis des années. En outre, Tagmat projette, non seulement de réparer les monuments dégradés, mais envisage d'en ériger prochainement d'autres à la mémoire de Matoub et de feu l'écrivain Mohand-Arav Bessaoud à Taguemount El Djedid (Ouadhias), la région natale de ce dernier, ou, à défaut, à Akaoudj (Ouaguenoun) où le fondateur de l'académie berbère est inhumé, ainsi qu'à Sidi Aïch, dans la wilaya de Bejaïa, en hommage à Mohamed Haroun, condamné à perpétuité en 1976 par la cour de sûreté de l'Etat dans l'affaire dite des «poseurs de bombe».Mohamed Haroun, rappelons-le, très affaibli par des séquelles de maladie et des 11 années de son emprisonnement, est décédé en mai 1996 d'un arrêt cardiaque. A noter que Tagmat édite une revue portant le même nom, dont les bénéfices tirés de sa vente sont consacrés au financement des restaurations de stèles dédiées à ces hommes et femmes ayant milité pour la culture berbère, nous apprend encore Dalil Makhloufi, le président de cette association, qui appelle à tous les militants et citoyens en Kabylie à soutenir et aider Tagmat par tous moyens dans cette voie de réhabilitation et d'hommage à la mémoire des hommes-symboles de la cause berbère.