Les hommes ne sont pas les seuls à fréquenter et animer les halaqate. Que ce soit dans les cités U ou dans des maisons, des jeunes filles, moultazimate, proposent elles aussi des séances de «rappels» sur la religion. Naïma* a 26 ans. Elle a fait la rencontre de okht (sœur) Rachida dans une mosquée de la capitale. Depuis, elle ne rate jamais la halaqa de lundi, organisée dans une cave aménagée d'une cité de la banlieue d'Alger. Rachida est l'épouse d'un ex-militant du FIS, lui-même animateur de halaqate dans la même cave à raison de trois séances par semaine. Officiellement, Rachida est morchida. Sa mission : prendre en charge les petites filles pour les initier aux préceptes de l'Islam mais aussi des femmes en quête de la foi musulmane. Un travail légal qui lui permet de gagner sa vie. A côté de son travail à la mosquée, elle organise des halaqate chez elle, et propose en option à ses disciples «le mariage et la roquia, et des soins médicinaux à base d'herbes, nous informe Naïma. Elle fait tout pour nous rendre heureuses. Elle m'a trouvé un mari, un akh, commerçant. D'après okht Rachida, il a une bonne situation», poursuit-elle. Si Naïma fréquente ses halaqate, il y a bien une raison. «Mes frères me surveillent, ne me laissent sortir que pour aller à la mosquée. Ils m'ont obligée à porter le voile», nous explique-t-elle. La prière à la mosquée tous les vendredis lui a donné droit à plusieurs sorties dans la semaine. «Je sors beaucoup pour aller voir okht Rachida, pas uniquement pour les halaqate. Je l'aide aussi à préparer les solutions et je lui prête assistance parfois pour les roquia». Sa vie a beaucoup changé depuis qu'elle a connu Rachida, même si elle ne pense pas «tout à fait partager ses idéaux. Mais elle m'a permis de retrouver un peu de liberté et un mari pour me sortir de l'enfer de chez moi. Ce n'est pas la vie que je cherchais, confie-t-elle sous le coup de l'émotion, mais je suis tout de même heureuse comme ça…» *Les prénoms ont été changés