La chaîne de télévision Arte avait consacré, en avril, une de ses soirées Thema à Babylone, première cité du monde, patrimoine inestimable de l'humanité, toute proche d'une autre cité non moins célèbre, Baghdad, capitale à feu et à sang d'un grand pays, l'Irak, où la tragédie est sans fin. La soirée débuta par un péplum mythologique des années soixante, Hercule contre les tyrans de Babylone, un film de Domenico Paolella avec, dans le rôle-titre, Rock Stevens et Livio Lorenzon, le méchant au crâne rasé, merveilleux acteur omniprésent dans beaucoup de films du genre et des westerns spaghettis. Dans le film, Babylone fût construite par l'ingénieux Dédale. Les rois babyloniens sont des fourbes et des traîtres et Hercule, le très fort héros mythologique qui avait accompli ses douze travaux, s'en débarrasse en détruisant la cité dont le talon d'Achille était le système de sécurité. Bien avant les années soixante, les spectateurs algériens découvraient Samson, héros doué d'une force phénoménale (il paraît que la séquence où Dalila coupe les cheveux de Samson, incarné par Victore Mature, a été tournée à Boussaâda). Puis le péplum déferla avec les Hercule, Maciste, Ursus, Antar (rôle tenu par Farid Chawki). Des acteurs du genre s'imposèrent : Steve Reeves le plus bel athlète du monde, Gordo Scott, Mimo Palmara, Gordon Mitchel...et Dara Singh, le Monsieur Muscle du cinéma indien. A cette époque bénie, c'était l'indépendance, on allait souvent au cinéma, notre université à tous, à moindre coût, notre distraction sans violence, notre voyage virtuel. L'influence du cinéma était si grande que des sobriquets étaient distribués selon l'apparence et l'humeur. Notre ville avait son cow-boy, son Tarzan, son Hercule et même son Maciste. Nouari Maciste était une force de la nature qui pratiquait une forme de culturisme sans jamais avoir connu de salle de musculation (la première a vu le jour à El Eulma à cette époque). C'était un charretier au juron facile qui, tel un aurige de Rome, conduisait debout sa charrette tirée par un âne. C'était le seul moyen dont il disposait pour gagner un peu d'argent et nourrir sa famille. De tous les péplums qui envahissaient les écrans de nos deux salles avant l'envahissement des westerns made in Cinécitta et Alméria, retenons quelques perles : Aphrodite déesse de l'amour, Quo Vadis, Le colosse de Rhodes. Marquant les époques par leur contenu et révélant certaines vérités, ce genre de films est devenu une référence pour aborder et illustrer l'histoire de la Grèce antique, de l'Egypte pharaonique ou de l'Empire romain. Ils ont enrichi l'imaginaire de toute une génération.