Il serait temps de promouvoir l'emploi et d'apporter des aménagements à cette ville marginalisée qui compte tout de même 40 000 habitants Pour aller à Meskiana, il suffit de prendre la RN10, reliant Constantine à Tébessa. Située à 52 km de cette dernière, Meskiana vous accueille du côté ouest avec ses grands arbres centenaires. Des platanes, des eucalyptus et des frênes qui sont autant de bouquets d'oxygène sentant la résine. L'oued, à proximité de la ferme Hendaoui Djelloul, coule paisiblement. On raconte ici que ce même oued a vu le bivouac de la reine berbère La Kahina, dont le vrai nom est Dihia, qui semble y avoir laissé traîner son parfum. Beaucoup de commerçants ont donné à leurs boutiques le nom de Kahina. Est-ce pour la mémoire collective, ou pour affirmer l'appartenance de Dihia à la région ? La grand-rue en ce début de mai est presque déserte. Elle porte le nom d'une illustre figure de la Révolution de Novembre. Il s'agit du chahid Radjaï Ammar, tombé au champ d'honneur alors qu'il avait le grade de commandant. Plusieurs cafés bordent la large avenue. Les maisons et boutiques ont perdu leurs couleurs. Des murs menaçant ruine par ci, des façades vieillottes par là, tel est le spectacle qui s'offre au visiteur. Emergent du lot les belles bâtisses du commissariat et de la poste. Amar, un retraité, nous fait savoir que le bureau de poste est devenu exigu et qu'il va falloir penser à en doter la ville d'un autre, plus spacieux. En effet, la ville a pris de l'envergure et le nombre de ses habitants avoisine les 40 000. De plus elle accueille beaucoup de gens affluant des villages voisins vers la poste, et du coup l'infrastructure ne suffit plus. D'autre part, il faut dire que cette ville manque de beaucoup de choses. Cet habitant, Hadj Abdelaziz, dénonce, entre autres, les désagréments causés par les gros camions qui passent de jour comme de nuit : « La situation est intenable, il y a trop de poussière, sans parler du vrombissement des moteurs. » Une route d'évitement semble indispensable. Ici les gens parlent beaucoup de ce qu'a perdu la ville en matière d'emploi, après la fermeture de l'usine spécialisée dans le lavage et le peignage de la laine (Elatex), la Sogedia, la Snic… Ajoutez à cela le manque d'investisseurs privés. Aucun investissement créateur d'emplois n'a été réalisé au cours de ces dernières années. De par sa vocation agropastorale, Meskiana est en mesure d'être une pionnière en matière de transformation agroalimentaire, entendons par là la création de petites unités, de laiteries et de conserveries. La riche plaine du Z'bar est capable de fournir d'appréciables quantités de fruits et de légumes. La production laitière est des plus importantes de la région. Comment se fait-il qu'on ne l'ait pas exploité de façon judicieuse? Certains citoyens attendent impatiemment le lancement du fameux barrage de Chebabta, lequel est programmé pour… 2012 ! Côté culture, les gens nous disent que leur ville a vu naître et grandir d'illustres écrivains, faisant allusion à Yamina Mechakra et Abdellah Cheriet, entre autres. Pour l'heure, ils sont fier d'avoir un grand chantre de la poésie populaire, ou « chi'r el malhoun », en la personne de Lahbib Siam. Ce dernier ne cesse de sillonner le pays pour déclamer sa poésie faite d'amour et d'espoir.