Le crédit documentaire n'a en réalité engendré que des effets négatifs, voire de graves nuisances, à l'économie et, plus largement, à la société algérienne. Il n'a rien apporté de bon au pays. Bien au contraire. Depuis que la loi de finances complémentaire pour l'année 2009 l'a imposé comme unique mode de paiement des importations dans le but proclamé de réduire le volume des achats à l'étranger et garantir la traçabilité des transferts de capitaux, le crédit documentaire n'a en réalité engendré que des effets négatifs, voire de graves nuisances, à l'économie et, plus largement, à la société algérienne en général. Les seules à réellement en profiter sont les banques et les fournisseurs étrangers, qui ont, pour les premières, empoché plus d'un milliard d'euros de commissions et, pour les seconds, une trésorerie plus saine du fait du paiement cash imposé aux importateurs algériens. Ces derniers ont perdu sur toute la ligne, à commencer par l'assèchement de leurs trésoreries, les surcoûts générés par les frais bancaires, les retards dans la livraison de leurs commandes, les ruptures d'approvisionnements et l'effondrement de la parité du dinar. Les sinistres pénuries des années socialistes ont refait leur apparition, et de façon très dramatique, quand elles affectent les produits de première nécessité, les médicaments vitaux et les inputs des industries. La presse a fait largement écho de ces ruptures de stocks de produits pharmaceutiques dans les hôpitaux, et il serait utile d'en faire un jour le bilan en termes de pertes en vies humaines. Une occasion pour demander des comptes à ce ou ces «démiurges» qui ont induit le chef de l'Etat en erreur en lui proposant ce prétendu remède miracle, pour réduire la facture de nos importations. Une facture qui n'a, du reste, pas du tout baissé depuis la mise en place du credoc, puisqu les statistiques officielles des Douanes démontrent le contraire, celle-ci étant passée d'environ 40 milliards de dollars en 2009 à 45 milliards en 2010, pour, certainement, atteindre un chiffre record cette année, durant laquelle l'Algérie compte importer des quantités massives de céréales et de produits agroalimentaires. Outres les pertes financières, les pertes de temps et les pénuries, ce sont, sans aucun doute, les entreprises de production qui ont payé le plus lourd tribut à cette aberration du credoc. Les unités industrielles, aussi bien publiques que privées, qui ont enregistré des arrêts de production prolongés, sont légion. Nombreuses d'entre elles, notamment celles qui ne disposaient pas d'une confortable surface financière, ont dû fermer avec toutes les conséquences en matière de suppressions d'emplois et de réduction de production, qu'il a fallu compenser par des importations. Les chefs d'entreprise, par le biais de leurs organisations patronales, dont, notamment, le Forum des chefs d'entreprises, ont, à maintes reprises, porté ce grave problème à l'attention du gouvernement, qui s'est montré sourd à leurs préoccupations. La promesse d'assouplir la formule du credoc, au seul profit des industriels, n'a jamais été tenue, et c'est ainsi qu'il a conduit, en connaissance de cause, notre économie droit dans le mur. Les turbulences qui affectent de nombreux pays arabes, et dont l'Algérie a subi quelques ondes de choc, semblent avoir ramené les pouvoirs publics à de meilleurs sentiments. L'aménagement du credoc pour les besoins des industriels serait même acquis, selon un responsable du Forum des chefs d'entreprises dont les propos viennent d'être corroborés par le ministre des Finances, qui s'est exprimé sur le sujet, à Oran, à l'occasion d'une récente rencontre avec les professionnels de la comptabilité, qui s' est tenue dans cette ville. La très prochaine tripartite constituera sans doute une tribune, pour l'annoncer officiellement.