Aghbalou, par cette manifestation, a renoué avec l'activité culturelle après un passage à vide qui a duré de longues années. L'association «Itran» (les étoiles) et le collectif culturel féminin portant le nom d'une poétesse de la région, «Adada Oulafsih» en l'occurrence, de la commune d'Aghbalou, ont organisé une semaine culturelle du 17 au 21 mai courant en hommage au défunt artiste Mourad Ihaddaden. Par cette manifestation, Aghbalou aura renoué avec l'activité culturelle après un passage à vide ayant duré de longues années. Lotfi, le frère du défunt, nous dira que c'est un hommage à la mémoire de son frère dont le parcours en matière de lutte pour la culture amazighe n'est plus à démontrer, tant il était une figure phare au sein de l'association culturelle d'Aghbalou où de nombreux artistes ont évolué. Malgré son jeune âge à l'époque, Mourad Ihaddaden a marqué l'esprit collectif des villageois par son courage, son engagement et sa simplicité, rappelle encore Lotfi. Au premier jour de la manifestation, les organisateurs se sont recueillis et déposé une gerbe de fleurs devant la tombe du regretté artiste, tombé en martyr, il y a 17 ans, rappelons-le, dans un accrochage, sur les hauteurs de Zbarbar, alors qu'il effectuait son service national. Au menu du programme d'activités, figurent des expositions photos sur la vie et le parcours artistique du chanteur, des livres, des tableaux et autres objets traditionnels. La chorale «Numidia» de la commune d'Aghbalou a plongé l'assistance dans de beaux souvenirs, par notamment la reprise de célèbres chansons du groupe Imnayen dont Mourad était l'icône incontestable, des chansons telles que Numidia, Tammurt, qui ont émerveillé les participants. Pour l'occasion, les organisateurs ont dévoilé un CD de musique renfermant toutes les chansons du groupe Imnayen datant des années 80 et 90. Le lendemain, une projection vidéo sur la vie et l'histoire de l'artiste, ainsi que l'animation d'une table ronde où il a été recueilli de nombreux témoignages d'amis et proches du chanteur. Un concours de poésie kabyle a drainé une pléiade d'amoureux de la rime qui se sont succédé sur l'esplanade. Divers thèmes ont été abordés par de nombreux poètes en herbe dans une sorte de «concurrence» inhabituelle où chacun voulant convaincre le jury, constitué d'enseignants universitaires et aussi de poètes. Les mauvaises conditions climatiques ont cependant empêché la tenue au stade communal d'un gala artistique. Les organisateurs se sont contentés d'une soirée musicale dans la salle polyvalente, distante de 3 km du chef-lieu. Une bonne ambiance y a pris place, et les visages étaient marqués par des moments de bonheur, de par des éclats de rire, générés par Sofiane Daoud, un comédien monologuiste de marque. La soirée était animée par les chanteurs locaux, Kamel Imnayen, Faouzi Bessaoud et bien d'autres. Concernant le 7e art, la troupe de l'association «Itran» s'est produite avec la présentation d'une pièce intitulée «Asgharsif», ou l'aulne, cet arbre verdoyant, croissant aux bords de rivières à l'eau pure et permanente. Concernant l'activité féminine du collectif culturel «Adada Oulafsih», nouvellement crée, c'en était une première à Takerboust. Les femmes se sont donné également rendez-vous pour une exposition dédiée à la pratique de l'art et aux potentialités productives des femmes locales. L'exposition de la robe kabyle, de la poterie traditionnelle et autres arts culinaires ont été également des productions locales qui ont charmé les visiteurs. «L'objectif du collectif féminin de l'association est d'encourager la femme locale à investir le terrain, à participer à l'épanouissement de sa société en la propulsant vers un avenir meilleur. Pour cela, nous les initions aux cours de langues, de sport et d'histoire en différents domaines», indique Souad Bellal, la présidente du collectif. De son côté, la chorale féminine a subjugué la nombreuse assistance venue écouter les douces voix de ses fillettes. Les femmes ont organisé à leur tour un concours de poésie «féminine». Il a été relevé par ailleurs de nombreuses difficultés entravant l'essor du mouvement associatif à Aghbalou, avoue-t-on. En effet, en plus du manque de moyens financiers, les associations souffrent de l'inexistence de structures d'accueil. «Nous ne disposons ni de salles ni de structures en mesure d'abriter les programmes d'activités des associations. Seule notre volonté nous pousse à persévérer dans le travail pour la culture. Nous activons avec des dons de nos concitoyens», déplore Terrad Nacer, président de l'association «Itran».