Il se prénomme Yusuf. Il porte le nom d'une religion : Islam. Yusuf Islam, alias Cat Stevens. La légende vivante de la brit pop, celle du «swinging London» des années 1960. Il a côtoyé et tourné avec le «Voodoo Child», Jimi Hendrix , le majuscule guitariste qu'il trouve charmant et timide. Rabat (Maroc) De notre envoyé spécial Yusuf Islam a donné un concert empreint de générosité, lundi soir, sur la scène ULM Souissi de Rabat, dans le cadre du Festival Mawazine (Musiques du monde) se déroulant du 20 au 28 mai 2011, et ce, devant des dizaines de milliers de personnes. S'étant converti à l'Islam depuis 34 ans, il a la foi, «Faith», comme dirait George Michael. Yusuf Islam, collier de barbe poivre et sel, arborant une djellaba blanche, ressemblait à un «cheikh», un maâlam (maître) ou encore à un «hadj» ne ressemblant guère aux autres. Car chanteur et enchanteur, prouvant que la musique est «halal» (tolérée). Sous un rond de lumière, Yusuf Islam, tantôt la guitare en bandoulière tantôt aux claviers, entre un «salam alaykoum» et «hamdoulilah», interprétera le répertoire d'avant et après la rédemption, au grand bonheur d'un public acquis à sa musique. Sa voix est toujours intacte, il est toujours aussi vert, 63 ans et tous ses «dons» de songwriter (auteur, compositeur et interprète). Et puis, cette énergie et autre flamme de la pop music qui l'anime et l'irradie. Une délectation avec les titres - qu'il commente -The Wind, Miles From Nowhere, Here Comes My Baby - sa toute première chanson datant de 1966, alors en tournée avec Jimi Hendrix, But I Might Die Tonight, Find Out, Don't Be Shy, Remember Day,Where The Chidren Play, Foreigner, Lilly White, Roadsinger, Angelsea, Rubylove, Changes IV, ou encore Peace Train. Yusuf Islam chante la quête initiatique, Dieu avec le médih King Of Trees, le Prophète Mohamed (il appelle la chanson, celle de Habibollah), avec Beloved, l'enfance, la paix, l'amour et même l'épisode du refus de visa par les Etats-Unis en 2004 dans la chanson Boots And Sand (où participent Dolly Parton et Paul McCartney. Father And Son, reprise actuellement par le groupe belge montant, Puggy, ayant signé le générique de fin de Largo Winch 2 (Yusuf Islam confiera aimer la musique de Lady Gaga et Sufjan Stevens) et Wild World (Jimmy Cliff en a fait une version West Indies) furent réappropriés par le public. Reprises en chœur et cœur. Subjugué par la révolution arabe Lors de la conférence de presse, Yusuf Islam reviendra sur la liberté de culte : «La spiritualité fut une grande ‘‘ignition'' de ma recherche en tant que jeune homme. Une réelle ouverture pour moi. Malgré la célébrité, les hits et l'énorme vente de disques. Je me demandais qu'est-ce qu'il y avait après la mort, l'au-delà. Cela a présidé à la direction de ma spiritualité (entendre l'Islam). J'ai trouvé la réponse à mes questionnements dans le Coran. Aussi, j'ai changé. C'est le message d'Allah ! Je ne fais pas dans le prêche. Chacun est libre de trouver sa voie. J'aime répondre par la chanson Don't Let Me Be Misunderstood (Que je ne sois pas incompris) - j'aime la version de Nina Simone. Respectez mon choix. J'aime Yusuf et Cat. Je les aime tous les deux. La Révolution (islamique) en Iran, je n'en suis pas responsable. J'ai été piégé par des journalistes ‘‘qui créent les news''. C'est pour cela que je ne réponds pas aux questions portant sur ma religion. Je veux être moi-même, mais pas faire dans le ‘‘bullshit'' (la connerie).» Quant aux changements prévalant dans le monde arabe, Yusuf Islam, déclare : «A propos de la chanson Wild World, je dirais que le monde est devenu plus sauvage (It's a wilder world). La paix est l'élimination de l'instinct belliqueux et des conflits. C'est pour cela qu'il faut bâtir des ponts entre les peuples. Quand j'ai vu les révolutions du monde arabe, celle d'Egypte et de la Tunisie, j'ai été subjugué. Cette explosion ! Les écouter s'égosiller pour leurs espoirs et leurs changements. Un potentiel sans violence. Alors, cela m'a inspiré. Et j'ai écrit et composé une chanson intitulée My People (Mon peuple). Un hymne à la liberté.» Yusuf Islam était heureux ! Il frappait à la porte du paradis, «Knocking On Heaven's Door», comme dirait Bob Dylan.