En matière de «come- back» Mawazine n'a pas été avare, durant cette édition, de belles surprises. Après Nass El Ghiwane, que nous avions perdu de vue, le retour de Cat Stevens attendu depuis… 29 ans a été célébré comme un évènement mondial. Et pour cause ! D'après les organisateurs, ils étaient au moins 52 000 personnes à se presser autour de la scène OLM Souissi pour acclamer le retour de l'enfant prodige, le chanteur britannique Cat Stevens attendu depuis plusieurs décennies. Il faut dire que l'instant était magique de voir cette idole qui a bercé notre tendre jeunesse. Avec sa djellaba immaculée et sa barbe fournie, Cat Stevens, devenu Youcef Islam a, d'emblée, abordé le public marocain par un «Salam alaïkoum». S'il ne portait pas en bandoulière sa guitare acoustique, on l'aurait vraiment pris pour un imam. Cela dit, avec son allure, Cat Stevens vient de démontrer à la face du monde que la musique n'est pas antinomique avec la foi musulmane. Ce que nous disait déjà, il y a quelques années, Ahmad Djamel le grand pianiste américain qui lui faisait ses ablutions et sa prière avant de s'adonner à la musique. Avec des paroles tout en douceur, mais non moins très profondes, Cat Stevens ne manquait pas de présenter au début de chaque chanson ce que lui évoquait le morceau en question et dans quel contexte il l'avait composé. On apprendra que «My Lady d'Arbanville» a bel et bien existé. C'était sa petite amie avec laquelle il venait de se séparer. Aujourd'hui, il entend continuer à chanter la paix et la tolérance. D'ailleurs, son retour est motivé par le fait qu'il lui fallait diffuser, plus que jamais, un message de paix dans un monde fait d'incompréhensions et de conflits. A «Wild World» est parmi les raisons de son retour sur scène, avait déjà confié l'artiste dimanche lors de sa conférence de presse. Pour lui, le monde est devenu encore plus sauvage (a wilder world). Le printemps arabe l'a même inspiré pour écrire et composer une nouvelle chanson intitulée My People. Un véritable hymne à la justice et à la liberté. Décidément, le vent de révolution dans le monde arabe ne le laisse pas indifférent. Loin s'en faut : «Quand je vois ce qui se passe dans le monde arabo-musulman, cela me rappelle les années soixante». «Le monde arabo-musulman connaît un éveil ou un réveil de la liberté. Il y a une forte demande de liberté. Ces gens veulent vivre leur vie comme ils veulent sans toucher aux droits des autres». L'artiste a également parlé de sa conversion, arguant que l'islam souffre d'un problème d'image, il a appelé à «raviver son âme». «La spiritualité a transformé ma vie. Jeune, j'avais connu très vite la célébrité et l'argent. Au moment où je tournais en rond, une question me taraudait l'esprit : qu'est-ce qu'il pouvait y avoir après la mort. J'ai trouvé la réponse de mes questionnements dans le Coran. J'ai saisi alors le message d'Allah ! Cela dit, je ne fais pas de prosélytisme ni de prêches. Chacun est libre de trouver sa voie. Yusuf Islam a justifié par ailleurs sa longue absence musicale par son engagement humanitaire qui ne lui laissait plus vraiment le temps pour faire de la musique». Son concert à Mawazine sera consacré non seulement à présenter son nouvel album «An other cup», sorti en novembre dernier mais aussi à revisiter ses anciens tubes. S'ensuivra ainsi Here Comes My Baby, The Wind, Miles From Nowhere, But I Might Die Tonight, Find Out, Remember Days ,Where The Chidren Play, Foreigner, Lilly White, Roadsinger, Angelsea, Rubylove, Peace Train…Même le Medh religieux sera de la partie avec King Of Trees et Habib Allah un morceau écrit à la suite du refus de son entrée aux Etats-Unis signifié par les autorités américaines à cause d'une confusion sur son nom d'emprunt, Yusuf Islam. Sur son site officiel, il ne se présente désormais plus que sous le prénom de Yusuf…un prophète. De notre envoyé spécial à Rabat A. Abdelghafour