C'est du moins ce que l'on peut dire du nouvel album de Zayen, intitulé Barcelona. En effet, l'étoile montante de la chanson moderne amazighe, après Imawlan-is, Ughaled et Baden Baden qui ont connu un franc succès, offre aux férus de la belle musique moderne d'autres délectations. L'album comporte treize chansons à écouter absolument, car elles sont toutes aussi attrayantes les unes que les autres, d'autant plus que les paroles sont porteuses de messages où la nostalgie de sa belle Kabylie côtoie les «boat people», ces jeunes harraga qui rêvent de l'eldorado, le désir ardent de voir les peuples s'unir autour de la paix, la liberté, l'amour et la fraternité (Sosta-Sosta). Zayen chante également l'amour dans Ardjuyi (Attends-moi) et dénonce l'intégrisme religieux à travers Haw-Haw ! Ainsi et à propos de nostalgie, Lemsella, son village natal qu'il décrit avec amour, Anecc aneqqim, où le chanteur évoque les périodes hivernales, qui malgré leur dureté qui freine toutes les activités permettent un meilleur resserrement des liens familiaux autour des plats traditionnels propres à cette saison, et Tigzirine, la fontaine de son village, l'endroit où les enfants se retrouvent après chacune de leurs «sympathiques bêtises», comme celle de marauder dans les vergers avoisinants, en sont la parfaite illustration. Mieux encore, Zayen y exprime son attachement aux racines dont il est issu et qui ont fleuri son essence. Dans la chanson Nused (nous sommes venus), c'est le vœu de rapprochement entre les peuples qui est exprimé. Les langues, les cultures et la musique en sont le ciment. Dans cette chanson qu'il «partage» d'ailleurs avec la chanteuse bengalie Kumkum, Zayen a réussi avec brio l'assortiment tant du point de vue des paroles qu'au niveau musical. La chanson sentimentale a également sa place dans le riche répertoire du chanteur kabyle. Ardjuyi (Attends-moi !) et Ay imawlan-is, qu'il interprète excellemment en duo avec Kumkum, illustrent parfaitement le sujet. Sur le plan des compositions musicales, Zayen est sorti de l'ordinaire en adjoignant aux traditionnels instruments d'autres pas très usités en Algérie. En plus de la cornemuse, Zayen a introduit le «dotara», instrument d'origine perse, la bombarde, un instrument à vent employé dans la musique bretonne, le tablâ qui est un instrument de musique indien et l'accordina, un instrument mi-accordéon, mi-harmonica. Ce nouvel enregistrement ne manquera certainement pas de susciter l'engouement du public, à commencer par celui de Tizi Ouzou, qui a eu lieu samedi dernier.