Il y a eu des glissements de terrain en cascade, des tronçons routiers inondés par les crues, des dénivellements de chaussées et des dizaines de localités isolées sous l'intensité de la neige, qui, en plusieurs endroits, a amplement dépassé les 30 cm. Décidément, la population du nord de la wilaya de Mila, notamment celle nichée dans les reliefs montagneux escarpés et les zones enclavées, n'est pas près d'oublier le spectre des catastrophes de l'hiver 2005 et les terribles dégâts qui en ont découlé. L'ampleur des pertes occasionnées à plusieurs secteurs de la vie socioéconomique est telle que le vocable « tsunami » rejaillit de temps à autre au détour de quelques discussions relatant les péripéties inoubliables de cette tragédie qui a coûté à l'Etat des centaines de milliards de pertes. Le secteur qui en a ressenti le plus les retombées du cataclysme est sans conteste celui des travaux publics qui a déploré en matière d'affaissements de terrain entraînant la dislocation du réseau routier, plus de 100 milliards de dégâts, selon les premières estimations communiquées à la revue de l'APW Le miroir de Mila. Les pertes dues sont évaluées à 42,6 et 30 milliards, concernant respectivement les chemins de wilaya et les routes nationales, alors que plus de 51 milliards ont été réservés à la réfection et la restauration des chemins communaux. Outre le fait que de nombreux itinéraires ont été coupés à la circulation, comme la RN 79 et la RN 27, en passant par les CW 35 et 2, il convient de rappeler que le tronçon de la voie expresse 27 qui relie Constantine à Jijel et qui longe la commune de Grarem Gouga, a enregistré à lui seul pas moins de 4 affaissements de terrain successifs à Mechta Tourba, Karkara, Hammam Beni Haroun et Sibari. Cette dernière localité d'ailleurs déclarée zone sinistrée, restera de triste mémoire, la région la plus affectée, dès lors que près de 500 habitations ont été partiellement englouties ou détruites, consécutivement à un terrible glissement de terrain. L'agriculture n'en a pas moins échappé au déchaînement de Dame nature. En ce sens, les statistiques font état de 28 millions de dinars de dégâts agricoles occasionnés à 395 fellahs. Il a été recensé l'endommagement de 20 000 oliviers, 1069 arbres fruitiers et une superficie de 99 ha de blé dur. L'on déplore en plus la perte de 684 têtes d'ovins, 249 bovins. 191 caprins, ainsi que la détérioration de 463 essaims d'abeilles, la destruction de 43 poulaillers et la disparition de 4423 volailles. Coupées du reste du territoire de la wilaya, les peuplades des communes et des chaumières enclavées ont, à la faveur de l'enneigement et la persistance du mauvais temps, souffert le martyre pour s'approvisionner en gaz butane, compte tenu aussi des coupures fréquentes du courant électrique. L'installation d'une cellule de crise relayée par la mise en place du dispositif de solidarité sous la houlette des unités de la Protection civile, des éléments de l'ANP et la participation d'entrepreneurs privés, a permis de rompre l'isolement de la population acculée aux confins de la wilaya et acheminer d'importantes cargaisons de bonbonnes de gaz, tout comme la distribution de 2800 sacs de semoule de 25 kg pour un montant global de 2,5 millions de dinars. Ces terribles glissements de terrain à répétition, qui ont corsé l'ardoise des pertes, sont-ils en voie de devenir le grand défaut du cuirassé ? On est tenté de le croire. En somme, la problématique de la déstabilisation des sols sous la poussée des fortes précipitations, est si poignante et le secteur des travaux publics si éprouvé qu'une commission technique du ministère de tutelle a atterri dans la wilaya de Mila afin de répertorier les dommages subis et cerner au mieux les tenants et aboutissants des fatidiques calamités de l'hiver 2005.