Toute la wilaya a été inondée par les pluies torrentielles qui se sont abattues sur la région ce week-end. En Haute-Kabylie, plusieurs établissements scolaires sont fermés. Que ce soit par Takhoukht, Taourarine ou par Mekla, l'accès aux grandes villes est quasiment impossible. Ceux qui ont été tentés de les contourner ont payé le prix fort. Certains ont même passé la nuit au milieu de la route, piégés par les pluies diluviennes. La population, qui craignait le remake de la catastrophe de 1974 au cours de laquelle des maisons ont été ensevelies sous la boue, était prise de panique. Pour cause, à Aïn El-Hammam, Iferhounène, Mekla, Tizit, Iboudraren, Ath Yenni, Ath Yahia et Imessouhal, les pluies ont causé des dégâts matériels importants et des accidents de la circulation. Selon la Protection civile, au moins une cinquantaine d'avalanches a été signalée. À Aïn El-Hammam, plusieurs maisons ont été inondées, dont une résidence investie par les eaux et la boue en pleine nuit. Fort heureusement, aucune victime n'est à déplorer. Par ailleurs, au moins une quarantaine de familles ont quitté leurs maisons pour chercher refuge chez des proches ou des voisins. Des dizaines de poteaux électriques et d'arbres ont été arrachées par le vent. En dépit du passage de chasse-neige pour dégager les routes, la circulation routière est restée difficile, voire dangereuse. La fermeture de la route de Takhoukht est due à l'affaissement du terrain et aux importantes eaux qui ont emporté le pont, point nodal de liaison entre Tizi Ouzou et la Haute-Kabylie. Par ailleurs, la route de Tirourda qui relie Iferhounène à Tazmalt et Béjaïa a été obstruée par la neige qui a atteint les 70 centimètres. Résultat : des milliers de travailleurs, venus des quatre coins du pays pour passer l'Aïd avec leurs familles, se sont retrouvés coincés. Zéro fourgon, zéro bus, zéro taxi, aucun transporteur n'a osé franchir les “barricades” naturelles. Côté approvisionnement en denrées alimentaires, c'est le rush vers les épiceries. À Boghni, la crue de l'oued Boghni a causé la même frayeur. Une bonne partie de la ville s'est retrouvée sous les eaux, à l'image de la cité des 18-Logements et des quartiers Ichiouache, Azougar, ex-Eucalyptus et la Gare. Heureusement que la solidarité a été de mise grâce au concours des membres du comité local du Croissant-Rouge algérien, qui se sont organisés et mobilisés pour éviter une éventuelle catastrophe. C'est à l'aide d'un mégaphone et à partir d'un véhicule qui sillonnait la ville que la population, notamment les jeunes, a été appelée à se joindre aux éléments de la Protection civile des Ouadhias et du service technique de la commune aux autres volontaires déjà présents sur les lieux, pour porter secours aux familles sinistrées. Ainsi, plusieurs familles ont été déclarées sinistrées, alors que d'autres ont été évacuées de leurs domiciles par peur d'être prises dans la tourmente des eaux qui continuaient de s'écouler le long des rues sans discontinuer. La mobilisation de la population, des autorités et des services de sécurité a permis d'éviter le pire. L'un des vice-présidents de l'APC de Boghni, M. Belarbi, nous a indiqué, hier, que des écoles et la Maison de jeunes de la ville ont été réquisitionnées pour servir de lieux d'hébergement provisoire pour les familles sinistrées, si bien sûr la nécessité se fait sentir. Les pelleteuses s'attelaient, dès hier matin, à évacuer les tonnes de sable et de boue déposées par les eaux en crue à différents endroits de la ville. La puissance de ces précipitations a provoqué des glissements de terrain tout au long du CW 128, menant de Boghni à Tizi Ouzou, ce qui a empêché les étudiants et les employés travaillant hors de la commune de quitter la ville. D'autres tronçons, comme celui reliant Boghni à Draâ El-Mizan ou à Assi Youcef, ont été momentanément coupés à la circulation pour les mêmes raisons. Des bulldozers on été dépêchés par l'APC pour rouvrir ces routes à la circulation automobile. À Draâ Ben-Khedda, la furie des eaux a endommagé le pont de Oued Bougdoura qui demeure fermé à la circulation. Dans la même ville, la cité des 600-Logements a connu, elle aussi, des désagréments en raison du mauvais temps. Onze familles sinistrées dans cette commune sont actuellement hébergées à l'APC de Draâ Ben-Khedda. À Chamlal, Azazga, Yakouren et Irdjen, plusieurs endroits ont été aussi inondés. À la sortie de Tizi Ouzou, sur la route menant vers Tigzirt, le pont de Bougie a été sérieusement touché par le déluge qui se déverse dans l'oued Sebaou et sa fermeture est envisagée pour éviter tout risque majeur. Hier, une légère accalmie a été constatée, mais il demeure que les équipes de la Protection civile sont toujours en état d'alerte. À Bouzeguène, les pluies torrentielles qui se sont abattues durant près de 72 heures sur la daïra ont provoqué de sérieux dégâts tant sur les voies de communication que sur les habitations. Livrés à eux-mêmes et en l'absence de l'Etat, les habitants dans la quasi-totalité des villages ont eu recours à des solutions palliatives pour dégager la voie et construire des digues. Le chef-lieu de daïra a été transformé en une véritable mare, comme ce fut le cas à la station de fourgons d'Ibouyisfen et à l'entrée est du côté d'Ihitoussen. Aux Quatre-Chemins, les alluvions se sont entassés et les eaux ont bifurqué dans toutes les directions sous les regards médusés des citoyens, impuissants devant tant de dégâts et scrutant désespérément un signe des autorités. Le pire est enregistré au niveau de Bouzeguène-village et d'Ihitoussen où des maisons ont été entièrement inondées. Il a fallu le concours de tous les villageois pour porter secours aux sinistrés. D'importantes chutes de neige ont également été enregistrées dans la nuit de jeudi à vendredi. La neige a atteint 15 cm d'épaisseur par endroits. Mais aussitôt, de fortes pluies ont suivi, accentuant les crues. Les torrents d'eau n'ont pu être contenus par les systèmes d'écoulement laissés à l'abandon et ont inondé plusieurs maisons, des étables et des caves. Des habitants de plusieurs villages ont failli en arriver à la violence s'accusant mutuellement de détourner les eaux n'importe où. Mais la colère a été plutôt dirigée vers l'Etat qui a brillé par son absence. Par ailleurs, il est à signaler que toute la daïra, soit plus de 20 000 foyers (5 000 habitants), est privée d'électricité depuis la veille de l'Aïd, plongeant toute la région dans le noir. Barrages Un apport de 58 millions de m3 en une journée Les fortes pluies qui tombent un peu partout en Algérie depuis une semaine ont donné lieu, pour la seule journée d'hier, à un apport global supplémentaire de 58,1 millions de m3 relevés dans l'ensemble des barrages en exploitation, a indiqué le ministère des Ressources en eau dans un communiqué. Ces nouveaux apports portent le volume total accumulé dans les 49 barrages du pays, depuis le 1er décembre en cours, à 215,7 millions de m3. Le taux de remplissage général des barrages a atteint maintenant 32,69%, a-t-on précisé de même source.