La citadelle d'Alger, baptisée fréquemment par les habitants de l'antique Casbah de Dar Essoltane, sera le nouveau pool culturel. La phase des travaux débutera au printemps prochain. C'est la mission que s'est fixé le nouveau chef de projet, nommé pour gérer la rénovation de La Casbah et la réfection du palais du dey Hussein. Pour ce faire, un comité de pilotage des projets de réhabilitation et de la restauration et mise en valeur de la citadelle a été installé par la ministre de la Culture, conformément à la décision n°362 du 19 avril dernier. Le comité est dirigé par un architecte restaurateur et expert consultant du ministère de la Culture, en l'occurrence Yassine Ouagueni : « Outre le directeur de l'Agence nationale de l'archéologie, le comité est composé du directeur du patrimoine culturel au ministère de tutelle, de l'inspectrice et en même temps rédactrice de la mouture de la loi n°98-04 du 15 juin 1998, relative à la protection du patrimoine culturel, auquel s'adjoint la directrice de la culture de la wilaya d'Alger. Le comité en relation avec l'unité de gestion des projets créé suivant la décision n°363 du 19 avril coordonne, suit et se prononce sur toutes les opérations relatives à la restauration et à la mise en valeur de la citadelle. A ce titre, l'unité de gestion élabore les cahiers des charges pour les bureaux d'études et formule également des suggestions de réutilisation des locaux. L'unité de gestion est formée essentiellement d'architectes qui ordonnent la citadelle en unité bâtie autonome prêtant matière au redressement et une revalorisation distincte », a déclaré notre interlocuteur. L'aide internationale L'Italie projette de participer à la renaissance du palais du Dey. La proposition des architectes de la péninsule est argumentée d'une offre de 15 bourses d'études en post-graduation dans la spécialité de la restauration du patrimoine culturel : « Une convention a été signée conjointement entre le ministère de la Culture et l'université Saâd Dahleb de Blida afin d'assurer le suivi du module de formation en partenariat avec les enseignants italiens dans le but de s'assurer du transfert technologique. Le diplôme est délivré par une université italienne et le cours inaugural s'est déroulé en présence de l'ambassadeur d'Italie. Le programme d'étude sera lancé au début de l'année 2006. Les Italiens envisagent de parrainer également un planning de formation pour les artisans experts dans la restauration des édifices historiques au sein des centres de formation professionnelle », a ajouté notre interlocuteur. Les Turcs, de leur côté, envisagent de prendre part à la réhabilitation de la mosquée du Dey. Les architectes d'Ankara mettent en avant la maîtrise de l'art typique de l'époque ottomane : « Le projet est en cours et le choix des bureaux d'études nationaux a été opéré. Il reste toutefois à mettre à jour les maîtrises d'œuvre du quartier des janissaires, le pavillon d'hiver, les casemates et le bloc des corps des bâtiments constituant l'ancien accès à la citadelle », a tenu à préciser M. Ouagueni. Le soudain regain d'intérêt pour le patrimoine culturel enjoint d'abord la réadaptation de la maîtrise d'œuvre élaborée dans les années 1980 par le bureau d'études polonais Pkz aux nouvelles normes parasismiques et des réseaux techniques de la citadelle. Assainir l'environnement Le partenaire polonais est pressenti pour la restauration des palais des Beys, la restauration des batteries d'artillerie ainsi que l'aménagement des espaces nus et le circuit adapté aux handicapés. En attendant, le comité aborde les urgences de l'heure : « Nous œuvrons à la protection et à la consolidation provisoire des édifices de la citadelle et à l'étanchéité des ouvertures. Le mur extérieur qui s'est détaché de 5 cm de la façade repose actuellement sur des pieux implantés à 6 m de profondeur. L'opération de pose des étais est en cours aux palais du Dey et des Beys. Le plus dure reste cependant à faire au niveau des assises de la poudrière afin de préserver les fondations contre les dégâts des eaux et d'orienter les fluides vers les caniveaux. Néanmoins, il y a énormément de travaux neufs qui exigent des modifications. C'est le cas de la galerie du rez-de-chaussée du palais des Beys réalisée contre toute attente en béton armé. La faisabilité de remédier aux malfaçons exige des formules de métiers », a ajouté notre interlocuteur. Par ailleurs, les travaux préliminaires obéissent à une programmation méthodologique assortie toutefois de l'assainissement de l'environnement immédiat : « Nous avons procédé au désherbage et au déracinement des arbres qui menaçaient les structures, notamment à proximité des remparts. Les cavités sont rebouchées au mortier à base de chaux pour éradiquer la formation de terreaux », a conclu M. Ouagueni. Le bastion s'humanise depuis l'évacuation des détritus et du mobilier de bureau usé emmagasiné pêle-mêle dans ses locaux. Seul bémol, les pièces archéologiques forment un amalgame avec les débris et les fragments de carreaux de faïence. Il y a assurément du travail dans la sélection des collections de la citadelle et l'inventaire des objets anciens en provenance de l'effondrement des vieilles bâtisses. La splendeur et la magnificence d'une ville méditerranéenne passe par la résurrection de la citadelle d'Alger. Evidemment, l'œuvre est prodigieuse, mais à cœur vaillant rien n'est impossible.