L'exemple de ces jeunes est à suivre, car la protection des sites historiques et de l'environnement n'est pas seulement l'affaire de l'Etat, c'est aussi celle de toute la société. Loin des feux de la rampe, les 26 adhérents des Léo-Club-Sétif-Scipion qui font de l'action humanitaire leur credo, réalisent un travail de fourmi. Après leur passage, en janvier dernier, à la maison de l'enfance où ils avaient organisé une activité culturelle (clown, magicien et concours), ponctuée par la remise de 120 cadeaux à des petits enfants aux anges, les jeunes ont installé des stands de collecte de produits alimentaire au niveau de bon nombre de superettes de la capitale des Hauts-Plateaux. L'initiative n'a pas laissé indifférents de nombreux citoyens qui l'ont boostée. L'opération a permis au Léo-Club de venir en aide à 60 familles, qui ont chacune bénéficié d'un couffin d'une valeur de 6 000 DA. Faisant de la défense de l'environnement et du patrimoine de la cité leur autre cheval de bataille, les membres de l'association décident de porter secours au tombeau de Scipion l'Africain, vandalisé par les uns, et achevé par le silence des autres. Le toilettage du site abandonné à son triste sort, notamment à l'agression des oisifs, lesquels ont fait de l'espace un dépotoir, nécessité des moyens financiers. Pour collecter des fonds, les 26 membres organisent au niveau du théâtre municipal une activité artistique et culturelle (slam, danse et chant). Ce spectacle génère une recette de 60 000 DA. Même si celle-ci s'avère insuffisante, pour ne pas dire insignifiante, ces atypiques jeunes se sont, ces jours-ci, engagés dans la bataille. Inondé par divers objets, des immondices et une quantité de bouteilles de bière, le tombeau a été complètement nettoyé. Pour dégommer les graffitis, les volontaires attendent une autorisation, qui n'arrive toujours pas. Avant de planter du gazon et des arbres, ces 26 jeunes ont, le moins qu'on puisse dire, «rasé» les mauvaises herbes. Pour l'installation d'une clôture afin de protéger ce «monument», et la désignation d'un agent devant garder le site, les jeunes attendent également une réponse de la municipalité. Pour terminer leur chantier avant le 5 juin prochain, coïncidant avec la journée internationale de l'environnement, les jeunes «dépollueurs» mettent les bouchées doubles. Un monument transformé en dépotoir Le président du club, Amine Kanouni, dira à ce propos: «Ne manquant ni de bonnes idées ni de volonté pour atténuer un tant soit peu la souffrance d'une partie des plus vulnérables de la société, on compte prochainement organiser au niveau du jardin de la cité Tlydjen une fête foraine. Les gains seront consacrés à la circoncision des orphelins lors du 27ème jour du Ramadhan. Il y a lieu de mentionner qu'une autre collecte de denrées alimentaires spécial Ramadhan est prévue pour les 1er et 2 juillet prochain. Avant d'aborder ces volets, nous devons boucler, et bien, la réhabilitation du tombeau de Scipion. Pour atteindre un tel objectif, nous comptons beaucoup sur la contribution de la mairie qui nous accompagne.» Notons, à toutes fins utiles, que ce monument historique, datant de la fin du IIIe siècle avant J.-C., dédié au vainqueur de Hannibal lors de la deuxième guerre punique, responsable de la chute de Carthage, à savoir Scipion l'Africain (de l'illustre famille romaine P. Cornélius Scipia Africanus Major), situé à 1 km à l'ouest de la Citadelle romaine, en face de l'université, entouré par un nombre important d'habitations, n'a pas droit au même traitement réservé aux monuments historiques du genre. Au mépris donc de toutes les lois et de tous les appels lancés par les amoureux de l'histoire de l'Algérie, le mausolée a été transformé en dépotoir. Ce vestige a dû subir, d'abord la sauvage implantation de maisons et autres constructions tout autour dans les années 1990, et voilà que maintenant, et malgré l'article 43 de la loi 04/98 datant du 15 juin 1998, définissant le patrimoine culturel et délimitant le périmètre de protection à plus de 200 m, ce monument historique, dont les effets du temps n'ont pu venir à bout, a, des années durant, enduré les actes de barbarie et d'ignorance humaine. Une clôture métallique aléatoire l'entoure, les mauvaises herbes ont mangé le carrelage implanté tout autour, les ordures sont déversées partout, jusqu'à l'intérieur même du mausolée. Pis encore, ses murs qui n'ont pas échappé à la bêtise, sont encore «ornés» de tags, lesquels ne disparaîtront que sur autorisation. Mais elle se fait, hélas, désirer