Le président de l'organisation patronale Club des entrepreneurs et industriels (CEIMI) déplore le manque flagrant d'intérêt affiché par nos diplomates, à l'égard des opérateurs économiques algériens qui veulent se développer à l'international. Dans cet entretien, il nous livre le cas du Club dont il est le président. Une organisation patronale qui ne cesse, d'après lui, de solliciter les différentes chancelleries algériennes à l'étranger pour développer l'exportation hors hydrocarbures. Toujours, selon le président du CEIMI, nos diplomates ne répondent jamais. -L'organisation patronale CEIMI entretient-elle des relations de travail avec les différentes ambassades d'Algérie à l'étranger ? A vrai dire, nous avons, à maintes reprises, essayer de «provoquer» ce genre de relation avec nos chancelleries dans les quatre coins du monde. Notre but est non pas de bénéficier d'une prise en charge, mais d'avoir des données sur tel ou tel pays, une mise en relation avec des hommes d'affaires étrangers ainsi que des aides «organisationnelles» afin de développer nos exportations, entre autres. Dans ce sens, nous envoyons régulièrement nos revues et nos annuaires à nos diplomates dans le but de leur dire qu'on est là, on existe et on cherche juste une réplique de leur part. Ils devraient au moins faire suite à nos nombreuses sollicitations et nous dire : «Qu'est-ce qu'on peut faire alors pour vous puisqu'on est payé pour ça.» Malheureusement, aucun diplomate, du moins les attachés économiques aux ambassades algériennes, n'a daigné répondre à nos sollicitations, alors qu'ils sont censés rendre service à l'Algérie et à leur compatriote. Lorsqu'on se déplace à l'étranger, nos diplomates ne viennent presque jamais nous prêter main forte. Bref, on n'est pas sollicité par notre diplomatie pour développer, notamment l'économie algérienne et les exportations hors hydrocarbures. -Et pourtant, le CEIMI ne cesse d'être sollicité par les ambassades étrangères accréditées à Alger ? Absolument, nous recevons régulièrement la visite d'ambassadeurs étrangers au niveau de notre siège à Blida. Souvent, ils viennent avec leurs compatriotes ayant le statut d'hommes d'affaires afin que ces derniers puissent décrocher des liens commerciaux avec nous. Ce dynamisme est créé par la diplomatie. Généralement, ils veulent vendre aux adhérents du CEIMI des équipements destinés à l'industrie ou de la matière première. Chaque ambassade a sa manière d'être «agressive» pour décrocher des «marchés». Le CEIMI a eu l'occasion de recevoir les ambassadeurs du Mexique, du Chili, de la Roumanie, de la Pologne, de la France, des USA, de la Turquie, de l'Italie… L'attaché économique français auprès de l'ambassade de France en Algérie et Ubi-France font carrément du porte- à-porte pour «imposer» le produit français en Algérie. On peut voir aussi cette agressivité chez les Turcs, entre autres. Le Chili, qui n'entretient pas d'importantes relations avec l'Algérie essaye, à travers son ambassade à Alger, de tirer profit des potentialités que peut lui offrir l'Algérie. Ils nous offrent même des vidéos faisant la promotion touristique de leur pays et essayent de nous convaincre à choisir le Chili comme destination de vacances. De bonne guerre, chaque ambassadeur essaye de défendre les intérêts de son pays à sa manière. Même si on est pleine ère de mondialisation, nos diplomates semblent encore vivre dans des époques bien révolues. Au niveau de l'organisation patronale du CEIMI qui compte plus de 700 adhérents, nous sommes une vingtaine d'exportateurs qui essayent, tant bien que mal, d'affronter les difficultés et plusieurs entraves pour exporter régulièrement. Une aide de notre diplomatie est la bienvenue pour nous éviter des mésaventures à l'étranger, nous faciliter la tâche et nous orienter sur les marchés les plus porteurs.