Rasmussen estime que le «règne de la terreur d'El Gueddafi touche à sa fin». Le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a réclamé le départ du dirigeant libyen Mouammar El Gueddafi, dans une allocution devant l'assemblée parlementaire de l'OTAN hier à Varna (est de Bulgarie). «Le règne de la terreur d'El Gueddafi touche à sa fin. Il est de plus en plus isolé chez lui et à l'étranger (...) Il est temps pour El Gueddafi de s'en aller», a-t-il déclaré. Il a assuré que l'opération de l'OTAN en Libye «atteignait ses objectifs et empêchait El Gueddafi d'atteindre les siens». «En deux mois seulement, nous avons réalisé des progrès significatifs. Nous avons sérieusement réduit la capacité d'El Gueddafi de tuer son propre peuple», a-t-il estimé, en se déclarant «assez optimiste» sur l'avenir proche. M. Rasmussen a par ailleurs déclaré que l'OTAN «continuerait à faire pression jusqu'à ce que toutes les attaques et menaces d'attaque contre des civils aient cessé (...) et jusqu'à ce qu'un accès à l'aide humanitaire complet, sûr et sans obstacle soit garanti à tous ceux qui en ont besoin». Il a admis que «la crise ne pouvait pas être résolue par des moyens militaires seulement», mais qu'«une solution politique devait être trouvée». «La condition préalable à un processus politique positif est une pression militaire forte contre le régime d'El Gueddafi. Dans le même temps, la communauté internationale doit renforcer la pression politique sur le régime et son soutien à l'opposition», a-t-il estimé. M. Rasmussen a par ailleurs souhaité une participation plus importante des pays de l'OTAN pour mener à bien l'action internationale en Libye. Il a aussi demandé aux partenaires de l'alliance de continuer à faire pression sur Tripoli. L'amiral américain Samuel Locklear, commandant des forces de l'OTAN à Naples d'où est coordonnée l'opération en Libye, a pour sa part fait état du caractère instable de la situation et admis qu'une intervention au sol pourrait s'imposer. «Ce que nous ignorons c'est ce qui va se passer si le colonel El Gueddafi et son régime font ce que la communauté internationale leur a demandé et qu'il quitte le pouvoir.» La peur du vide Et ce qui se passera dans le vide qui pourrait s'installer», s'est-il interrogé. «A un moment donné, on pourrait avoir besoin (...) d'un petit nombre de gens qui aideraient en quelque sorte», a-t-il ajouté, précisant qu'ils pourraient être envoyés par l'ONU, l'Union européenne ou l'OTAN. La résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies n'autorise pas l'envoi de troupes d'occupation en Libye, mais seulement l'utilisation de tous les moyens propres à empêcher les armées en présence de faire du tort aux civils. La semaine dernière, la Chambre des représentants américains a voté une disposition interdisant l'envoi de troupes américaines au sol en Libye. Pendant ce temps, le régime libyen a accusé hier l'OTAN d'avoir tué 11 civils lors de bombardements menés à 150 km de Tripoli, où se trouve actuellement le président sud-africain, Jacob Zuma, afin de discuter avec Mouammar El Gueddafi d'«une stratégie de sortie» au succès peu probable. «Des sites civils et militaire dans la région de Wadi Kaam, à Zliten, ont été la cible hier de raids de l'agresseur colonialiste croisé», a rapporté l'agence officielle Jana, ajoutant que «11 martyrs sont tombés et un certain nombre de personnes ont été blessées». Si ces décès sont avérés, il s'agirait de l'une des plus grosses bavures commises par la coalition internationale depuis le début de l'intervention sur mandat de l'ONU, le 19 mars. Les restrictions imposées aux médias par les autorités libyennes empêchent toutefois toute vérification indépendante. Citant des sources militaires, Jana indique par ailleurs que la ville d'Al Jafra, à 600 km au sud de Tripoli, a été «à nouveau hier la cible de raids».