Ambiance très digne au centre culturel de Aâchaâcha à l'occasion de la célébration de la création de l'UGEMA. Grâce à l'activité d'une dynamique association locale, la célébration de cette journée a vu la participation des responsables et élus locaux ainsi que des représentants de l'ensemble des familles, particulièrement celle de Abdelkader Belarbi. Ce jeune docteur de la prestigieuse Sorbonne est connu pour avoir été l'une des chevilles ouvrières de la création de l'UGEMA, dont il fut le premier secrétaire général. Une fois la grève des étudiants entamée, il a été très vite intégré à la jeune équipe du FLN qu'il a représentée à Belgrade et dans les pays de l'ex-Union soviétique. Alors que ses compagnons de lutte rejoignaient Tunis, Tanger ou Le Caire, lui, le natif du Dahra, a fait le chemin inverse. Très rapidement, les combats inégaux à l'intérieur du pays le font revenir dans sa région natale. Très vite, les autorités coloniales lui ont mis la pression. C'est grâce à l'aide de son frère Habib qu'il est parvenu à rentrer en contact avec les responsables de l'ALN qui l'ont affecté aux côtés de Si M'hamed Bouguerra, dans la wilaya 4. Son frère Habib, lui-même ancien détenu au centre de torture de Sidi Ali, se souvient que la veille de son départ au maquis, il demanda à sa mère de préparer un couscous d'adieux, celui que l'on offre pour célébrer les morts. C'est dire que le personnage avait fait le choix du martyre pour que l'Algérie retrouve sa liberté. Son vœu a été vite exaucé puisque c'est dans le massif de Chréa, sur les hauteurs de Blida, que lui et ses compagnons, dont un de confession judaïque, sont tombés au champ d'honneur. Les nombreux orateurs ont loué les qualités morales, la probité et le sens du combat nationaliste de ce patriote de la première heure. Celui qui, bardé de prestigieux diplômes – un baccalauréat série mathématiques en 1950, une licence en droit à l'université d'Alger en 1954 et une thèse de doctorat à la Sorbonne - sera un acteur de premier ordre dans la naissance de l'UGEMA. Avec ses compagnons Lakhdar Brahimi, Rédha Malek, Lamine Khène et Mohamed Seddik Benyahia, ils prendront vite conscience que l'organisation des étudiants d'Afrique du Nord qui regroupait les ressortissants des 3 pays du Maghreb n'était plus appropriée pour mener le combat libérateur, ce qui les incitera à créer une nouvelle structure où seuls les étudiants algériens musulmans pouvaient militer. Ce fut alors la création de l'UGEMA et son historique appel à la grève qui prendra effet à compter du 19 mai 1956. L'ensemble des intervenants souligneront le peu d'égards, voire l'absence de considération à l'encontre du chahid Abdelkader Belarbi dit «Kaddour» dont le nom orne à peine quelques établissements scolaires du Dahra. Un de ses neveux dira que, de son vivant, Houari Boumediène, par l'entremise de Belaid Abdeslem, avait sollicité la famille du défunt afin de constituer un dossier. C'est ainsi que l'on apprend que la carte de SG de l'UGEMA avait été remise au puissant ministre de l'Energie de l'époque mais que le dossier se perdra dans les arcanes de la République. Selon ce témoin, le président Boumediène aurait opté pour baptiser l'aéroport de Dar El Beïda du nom de Abdelkader Belarbi. La suite, tout le monde la connaît, mais à Aâchaâcha personne ne veut oublier que ce digne fils de l'Algérie qui, comme tant d'autres martyrs, n'a pas eut droit à la moindre sépulture, ni à la moindre reconnaissance. C'est pour perpétuer le combat des enfants du Dahra que, tous les ans, les jeunes adhérents de l'association «Iqra» organisent une manifestation afin de faire reculer l'amnésie officielle.