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Misère et grandeur à Ath Mansour
Bouira
Publié dans El Watan le 22 - 09 - 2004

Pourquoi deux noms, en l'occurrence Taourirt et Ath Mansour, pour un seul et même chef-lieu de commune ? Réponse du secrétaire général de l'APC : « Taourirt s'applique en fait à une partie de la population (arch) alors qu' Ath Mansour englobe dans sa dénomination tous les archs qui représentent en principe toute la population.
Après le découpage administratif de 1984 dont a été issue la commune, le nom d'Ath Mansour s'est imposé pour désigner le chef-lieu de commune. » Autorité compétente en l'absence d'élus dans cette commune berbérophone de 9924 habitants où le boycott des urnes à l'instigation du mouvement de revendication a été total, le secrétaire général nous a reçu pour un entretien sur de la gestion de cette commune qui semble souffrir particulièrement de certains problèmes cruciaux.
situation dramatique
Le responsable le reconnaît lui-même quoique de façon implicite. La situation en matière d'alimentation en eau potable est vécue dramatiquement par l'ensemble de la commune. L'eau arrive dans les robinets une fois par semaine à raison de deux ou deux heures et demie. Afin d'en faire bénéficier tout le monde, on procède à la distribution de ce liquide quartier par quartier. Pour pallier cette situation, les citoyens se tournent vers les vendeurs d'eau qui les approvisionnent au moyen de citernes pour un tarif fixé à 600 ou 700 DA. L'APC dispose bel et bien d'un camion-citerne, mais il y a, selon le secrétaire général, des priorités en la matière, que celle-ci ne peut ignorer : des localités comme Rodha qui ne dispose d'aucun réseau d'AEP sont privilégiées. L'espoir nourri par ce responsable, qui juge les trois forages de la rive droite de Oued Sahel, ainsi que par les citoyens est que la commune puisse bénéficier de moyens assez conséquents pour lui permettre d'accéder à la source Aberkane, située de l'autre côté de la rivière, sur le flanc de la montagne, à quelque 8 km de là. L'eau, outre sa rareté, a mauvais goût, selon Sadek, 24 ans, qui, tout en nous servant de guide, n'a pas cessé de soulever les questions vitales qui se posent à la commune. Du haut du parapet qui borde la rue principale qui court le long du flanc de la colline où se dresse le village, il nous montre deux des trois forages. « Ils sont à peine à 100 m du lit, regardez. Alors forcément l'eau a mauvais goût », déplore-t-il. Le problème se pose tout aussi crucialement concernant le logement à cause des contraintes liées à la nature juridique des terrains. La plupart de ceux-ci sont des propriétés privées, affirme ce responsable. D'où les efforts dérisoires déployés, notamment en matière de logements sociaux : 60 unités réalisées à ce jour et non encore distribuées, allez savoir pourquoi, car selon notre guide improvisé ainsi que d'autres jeunes, cela fait 5 ans que ces logements attendent d'être attribués. L'inexistence d'un portefeuille foncier fait que 36 familles vivent depuis 5 ans le calvaire dans toute sa dimension. Il s'agit de nomades installés à quelque 5 km à l'est du chef-lieu de commune, sur un terrain privé. La pratique de l'élevage ovin les oblige depuis l'indépendance à une vie d'errance entre Bou Saâda et Taourirt avant de s'établir définitivement dans cette localité. Le terrain sur lequel ils jettent leur dévolu étant privé, le propriétaire les tolérera longtemps. Mais il y a cinq ans, il réclame et obtient leur expulsion. Alors les nomades, sédentarisés depuis la ruine de leur commerce dans les années 1970, passent sur un terrain appartenant à la conservation des forêts. Leurs conditions de vie ont été jugées si intolérables que lors d'une des sessions ordinaires de l'APW, leur problème a été évoqué, en plus des problèmes d'eau, d'électricité, de scolarité des enfants. Un projet de réalisation de 36 logements a été retenu, mais a longtemps buté contre l'intransigeance de la conservation des forêts, qui devient subitement farouche dès qu'il est question de cession de terrain. Pourtant, cette fois elle va faire une concession, sous la pression des autorités. L'APC peut passer alors à la phase de réalisation de son projet. Le LSP, contrairement à l'habitat rural considéré par ce responsable comme « une bouffée d'oxygène pour la population rurale », ne provoque aucun emballement chez le citoyen désireux d'acquérir un logement. « Si le citoyen avait 50 ou 60 millions (somme exigée à titre de participation), il construirait deux pièces et aurait ainsi son propre logement. » De fait, si certains logements ont bonne apparence, d'autres ont l'air des plus misérables. Commentant cette situation, notre guide, qui attire notre attention sur deux d'entre elles, dit : « Dans ces deux taudis vivent deux familles composées de 12 membres. » S'il fallait croire l'estimation de ce responsable, le nombre de jeunes chômeurs avoisinerait les 600. Dans le cadre de l'absorption de ce phénomène social qui est devenu le lot de la jeunesse algérienne, l'APC a mis en place un dispositif appelé Indemnisation des activités globales (IAG). Concernant 77 jeunes à la fois, il fonctionne selon un roulement qui fait qu'au bout de 3 mois (pour les célibataires et 1 an et demi pour les pères des familles nécessiteuses), le jeune employé cède sa place à un autre, de manière à ce que ce dispositif profite à tout le monde. « C'est faux », rétorquent nos trois gaillards : Sedik, Bouaza et Samir. Selon eux, le système de recrutement est inique et ne profite qu'aux mêmes personnes assez proches des responsables. Et de décliner chacun son métier : Sadek est électricien en bâtiment, Bouaza plombier et Samir, qui vient de terminer le service national est sans métier. Les deux premiers auraient postulé plusieurs fois à un poste, en vain.
Une population excédée et révoltée
« Nous ne demandons que nos droits », déclare Sadek. Un quatrième se joint au groupe devant une épicerie. Plus mûr, il monopolise la parole pour réitérer les doléances exprimées, il y a quelques mois, par les citoyens révoltés qui avaient assiégé le siège de l'APC pendant deux journées consécutives. Des doléances auxquelles les autorités de wilaya (sans le wali), en s'empressant de se rendre sur les lieux, ont répondu favorablement, mais aucune suite n'a été donnée. Selon ce citoyen, les revendications formulées ce jour-là par la population restent toujours d'actualité et s'articulent autour de l'AEP, d'un centre de santé (il y a deux salles de soins, mais jugées insuffisantes pour la couverture sanitaire de la commune), de deux passerelles - l'une sur la RN5, qui fauche de temps en temps des enfants ; l'autre par-dessus l'oued Sahel afin que ceux qui ont des jardins (et ils sont fort nombreux) de l'autre côté de la rivière puissent les rejoindre en période des crues. Elles se poursuivent avec la construction d'un lycée, d'un vrai stade et d'une bibliothèque ainsi que le revêtement des pistes et le gaz de ville. Pour Sadek, la construction d'un lycée à Ath Mansour est aussi primordiale que l'eau : se livrant à un calcul rapide, il arrive en y incluant les repas et le transport à 70 ou 80 DA que paye chaque élève dans la journée pour aller au lycée à M'chedellah ou à Chorfa. Sans parler des continuelles bagarres qui éclatent entre les élèves d'Ath Mansour et ceux des deux localités susnommées, à cause des rivalités ancestrales. Parvenu au sommet de la colline, Sadek se tourne, montre encore la rivière et son visage s'embrunit : les crues de l'oued qui déborde en hiver accomplissent un travail corrosif qui menace les jardins ; ses rives s'élargissent de plus en plus, menaçant de les réduire comme une peau de chagrin. Parlant comme un statisticien, il avance le taux de 50% des bonnes terres emportées du côté de Tachemlit et de Taghzout. La solution ? Elle réside dans la pose de gabion. Sur l'autre versant, nous attend un spectacle des plus tristes et des plus désolants : les fameux 257 ha de forêt détruit récemment par un incendie. Apocalyptique ! Le paysage change heureusement au fur et à mesure que nous progressons, et c'est tout naturellement que nous rencontrons sur notre chemin l'unique café ; les clients sont tous des jeunes dont l'âge ne dépasse pas 20 ans. Ils regardent un film sur une chaîne française. L'un d'eux se lève et baisse le son pour un bref entretien. Certains ne vont plus à l'école. D'autres moins nombreux continuent à y aller, mais sans entrain. « L'avenir ici ne promet rien de bon, philosophe Sadek. Les jeunes chômeurs travaillent comme des forçats. Du matin au soir, ils taillent les pierres (ardoises bleue et grise) pour un salaire de misère. Ils ne sont même pas assurés. » Les jeunes ne semblent même pas se douter qu'il y a des centres de formation et des cours par correspondance, quand nous les leur recommandons ; ils promettent d'y songer, puis retournent à leur occupation passive : regarder le film. Faisant une courte plongée dans le passé, Sadek évoque le caractère héroïque et révolutionnaire de son village : « Nous sommes une grande famille de révolutionnaires ici : Si El Haouès et Amirouche connaissaient notre village et y faisaient des haltes jour et nuits. » Il n'oublie pas la résistance farouche opposée au terrorisme (les chiffres officiels font état de 22 victimes), parle avec le même enthousiasme de la lutte toute pacifique engagée aux côtés du mouvement citoyen pour la concrétisation de ses objectifs : « Nous n'avons jamais rien brûlé ou cassé au cours de nos manifestations. Celles-ci ont toujours été pacifiques. Y compris les toutes dernières qui étaient toutes spontanées. »


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