Victimes d'une double maltraitance, les handicapés périnatals n'ont toujours pas le droit à la vie comme tous les enfants. Selon le Pr Djamil Lebane, chef de service de néonatologie au CHU Mustapha Bacha, le handicap peut être évité par la redéfinition de la formation du personnel soignant (pédiatres, obstétriciens, médecins généralistes, sages-femmes, puéricultrices…). Le droit à la scolarité de cette catégorie d'enfants handicapés est bafoué. Sur 10 000 naissances par an en Algérie, 1000 nouveau-nés sont atteints de déficiences. C'est 1000 handicapés qui ouvrent les yeux sur un monde hostile. Des enfants qui ne goûteront pas malheureusement au bonheur et à la joie de la vie censée bercer toute leur enfance. Cette catégorie d'enfants est doublement maltraitée. Elle l'est juste aux premières heures de sa naissance parce qu'on n'a pas pris la peine de respecter les gestes qu'il faut pour l'accompagner à la délivrance, un moment important dans la vie d'un être humain. La maltraitance le suivra aussi tout au long de sa vie de handicapé. Une situation pourtant évitable. Les spécialistes ne cessent de tirer la sonnette d'alarme sur ce problème de santé publique malgré l'existence d'un programme national pour la protection de la santé de la mère et de l'enfant. Lequel comporte toutes les recommandations internationales dans l'organisation de toute la maternité, l'accueil des mamans, à l'accouchement, en passant par les premiers soins du nouveau-né. Une pratique qui exige une formation spécifique d'un corps médical dédié à la spécialité. Mais, l'on assiste aujourd'hui à une augmentation du nombre de cas de ces enfants souffrant de troubles à la naissance dont les raisons sont connues et qu'il faut combattre pour arrêter «de produire des handicapés». La majorité d'entre elles sont évitables tels que l'asphyxie néonatale, détresse respiratoire, les grands prématurés, a estimé le Pr Haridi de l'unité de néonatalogie de l'hôpital de Beni Messous. Il y a urgence d'assurer un suivi et une prise en charge organisée de ces nouveau-nés à risques. Il est, selon elle, primordial de créer une structure spécialisée pour justement assurer une prise en charge précoce et permettre à ces enfants de vivre normalement. De nombreux enfants souffrant de handicaps ont, selon elle, difficilement accès aux soins nécessaires, vu le coût des examens d'exploration et de la surcharge dans les quelques établissements où des soins spécialisés sont possibles. La création d'un centre spécialisé et l'amélioration des conditions d'accueil pour les futures mamans et bébés demeurent les modalités spécifiques pour arrêter «le massacre». D'autre part, le suivi de ces enfants, notamment dans l'organisation de la scolarité, doit-être également envisagé. Il y a lieu d'identifier la population à risques, en l'occurrence les nouveau-nés porteurs d'anomalies de développement afin de les aider à mieux utiliser leurs capacités physiques et intellectuelles. D'autres voix appellent à réduire ces handicaps par la prévention qui reste l'unique moyen de lutte contre les facteurs de risques identifiés et dont 80% sont évitables.