Les participants aux journées d'études sur la violence contre la femme -organisées par la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) et subventionnées par l'UE- sont « sortis » avec une riche palette de recommandations susceptibles de faire face à la violation des droits de la femme en Algérie. Pendant les deux jours, à savoir les 14 et 15 décembre, les travaux ont été marqués par d'âpres débats et une série de conférences présentées par d'éminents juristes nationaux et étrangers. L'analyse faite de la situation de la femme en Algérie, notamment la place que lui confère le code de la famille dans la société, a mis à nu l'archaïsme juridique dans lequel elle est enfermée. Ainsi, les participants, dont des associations de défense des droits de la femme, des universitaires et des juristes, ont abouti à la recommandation d'une série de mesures, applicables à court et à long termes. Ces mesures, rendues publiques hier par la LADDH, font état de la nécessité de mettre en place des structures d'accueil, d'écoute, d'orientation et d'accompagnement des femmes en détresse. Il y a également l'urgence de concrétiser « le fonds de garantie, prévu par l'ordonnance modifiant le code de la famille ». Les participants exigent des autorités la communication régulière des « informations relatives à la violence envers les femmes ». Chose qui fait défaut à l'heure actuelle, où les chiffres qui proviennent des canaux officiels sont souvent incomplets et surtout loin de la réalité. Autres mesures urgentes : le lancement d'une campagne d'information et de sensibilisation quant à l'ampleur de ce type de violence. Aussi, les participants trouvent qu'il est judicieux de rassembler les différentes associations en vue de former « un lobby » capable de mener la lutte pour une Algérienne libre et égale à l'homme. Ils suggèrent aussi l'élaboration d'un guide des droits des femmes et des enfants. Celui-ci énumérerait, entre autres, les étapes à suivre pour déposer plainte en cas de violation, mais aussi les différentes instances auxquelles on peut s'adresser le cas échéant. Outre cela, les participants demandent à ce qu'on introduise l'enseignement des droits de l'homme dans les programmes scolaires, comme ils veulent rendre obligatoire le dépôt de plainte du médecin légiste au cas où il constate des signes d'une violation d'une femme ou d'un enfant. Autres recommandations dégagées des travaux : la mise à niveau des magistrats, des avocats et de tous les acteurs (médecins, policiers, gendarmes...), le lancement d'un cycle de formation au sein des associations. Les participants entendent par cette batterie de recommandations arrêter l'hémorragie au sein de la société, traduite par la vulgarisation des actes de violence contre les femmes et les enfants. Mais aussi aider la femme algérienne à sortir du carcan de « femme au foyer » et aller de l'avant pour recouvrer ses pleins droits au même titre que l'homme.