Le quartier de Saïd Otba, à Ouargla, a été le théâtre de violentes émeutes dans la nuit de mardi à mercredi quand la population a organisé une manifestation en guise de représailles contre les forces de l'ordre accusées de réprimer les chômeurs du quartier. Bilan officiel : 4 policiers blessés et dégradation partielle du siège de la sûreté urbaine.Ce n'est que partie remise, déclarent à El Watan les jeunes du quartier Grande localité, situé dans la périphérie nord de la ville qui a connu, mardi dernier, sa nuit la plus violente depuis plusieurs mois. Les habitants, bloquant régulièrement la route menant à la daïra de N'gouça, s'attaquent fréquemment aux véhicules qui transitent par leur quartier via la route des poids lourds attenante. Comme la plus grande décharge sauvage de Ouargla se trouve à côté, les pierres et autres objets sont accessibles et deviennent le seul moyen de défense voire d'attaque. Réagissent de plus en plus mal à ce qu'ils qualifient «de marginalisation systématique de Saïd Otba par rapport aux programmes de développement structurants et l'emploi dans les multinationales pétrolières». Il faut dire que la sédentarisation a privé ces éleveurs de dromadaires et de moutons de leur ressource principale, voire leur vocation première et réduit au chômage les nouvelles générations. Mardi, la population s'est regroupée à 21h15, après la prière d'el icha, avec pour seul mot d'ordre se venger des forces de l'ordre qui ont tenté de déloger les chômeurs en sit-in devant le siège de la wilaya depuis une semaine. Hommes, femmes et enfants, environ une centaine, se sont postés devant le siège de la sûreté urbaine de Saïd Otba «pour crier haut et fort leur contestation de l'implication de la police dans la répression des chômeurs du quartier dans la journée». Le wali, qui avait reçu une délégation de chômeurs, mardi, avait orienté ces derniers vers la direction de l'emploi et demandé à la police d'intervenir pour lever le siège devant la wilaya. La colère grondait et la situation avait vite tourné à l'affrontement avec les policiers quand les jeunes ont tenté d'ouvrir le portail en fer du commissariat. La population a attaqué la bâtisse avec des pierres et des cocktails Molotov, incendiant les bureaux du 1er étage. Les affrontements ont duré toute la nuit, le feu n'a pu être maîtrisé. Lors de notre passage à Saïd Otba, hier vers 13h, le calme régnait sur la ville, tandis que la police réparait les dégâts. Des témoins confirment que la population est restée sur place de 21h à 5h du matin avec plusieurs pics de violence suite à l'intervention des forces antiémeute venues en renfort de l'école située non loin du commissariat. La situation reste tendue vu que la population tient encore rancune à la police et menace de s'en prendre à ses édifices situés dans la localité. La sûreté de wilaya a, quant à elle, prévenu le procureur de la République de Ouargla qui a ouvert une enquête.