Les affrontements opposant depuis quelques jours de jeunes chômeurs aux forces antiémeutes à Ouargla ont atteint leur paroxysme dans la nuit de mardi à mercredi à la cité Saïd Otba, qui se trouve à 7 km du chef-lieu de wilaya. Les émeutiers sont allés cette fois-ci jusqu'à incendier les locaux du commissariat de police du quartier. «La tension est dans l'air. Selon nos contacts, il y a risque de recrudescence cette nuit encore (hier)», a affirmé au Temps d'Algérie Yacine Zaïd, responsable de bureau de la wilaya de Laghouat de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (Laddh). M. Zaïd est en contact avec les protestataires qui s'étaient dotés d'un comité national des droits des chômeurs pour mieux plaider leur cause. Selon lui, les dernières émeutes, mis à part le commissariat incendié, n'ont pas donné lieu à des arrestations parmi les jeunes en furie. Sur place, aucun dispositif sécuritaire exceptionnel n'a été mis en place, relève-t-il. La police a utilisé des bombes lacrymogènes afin de disperser les émeutiers. «Les services de sécurité ne veulent pas envenimer la situation», analyse M. Zaïd. Exigeant du travail, les chômeurs multiplient les actions de protestation du fait du silence des autorités. Ils organisent des sit-in devant les sièges de la wilaya de Ouargla et de la daïra de Hassi Messaoud, des tentatives d'immolation (comme à Saïd Otba) et des grèves de la faim. Ouargla est connue comme étant une région pétrolifère. Mais les jeunes originaires de cette wilaya se sentent exclus du marché de l'emploi au profit des gens du Nord. Comme leur protestation contre cet état de faits n'a rien apporté de nouveau, ils radicalisent leur mouvement. Ce qui alimente leur colère, c'est surtout l'indifférence des autorités quel que soit leur niveau de responsabilité. «C'est le silence radio. Aucun responsable n'a pris sur lui de s'entretenir avec les protestataires», relève-t-on.