Les (pauvres) marins algériens capturés au large de la Somalie sont toujours aux mains des pirates, pendant qu'à Hassi Messaoud, un autre (pauvre) chômeur vient encore de se suicider par pendaison. Dans la fraîcheur de la mer ou sous les brûlures du soleil, la situation de certains Algériens est donc tout aussi dramatique ; dans les deux cas, on peut se demander à quoi sert réellement l'argent du pétrole. Après de supposées tractations infructueuses, l'Algérie refuse de payer pour récupérer ses otages, et à Hassi Messaoud, où l'or noir coule à flots, il est toujours paradoxal de voir que des familles entières sont dans la détresse la plus totale, poussées à se pendre à un arbre alors qu'il y a très peu d'arbres dans le désert. Pourtant, on pourrait opposer deux arguments de taille à ces deux détresses parallèles. D'abord, l'Algérie officielle a toujours refusé de payer des rançons, ce qu'on ne peut pas lui reprocher, à part si l'on est de la famille des marins. Ensuite, le chômage est un phénomène international et même à Hassi Messaoud, on peut manquer de travail. Sauf que, pour le premier cas, derrière sa digne intransigeance, l'Etat paye des rançons aux barons de la prédation, aux importateurs de sucre, aux mafias qui s'entretiennent à l'intérieur du régime et aux cercles rentiers soudés aux décideurs. Pourquoi pas aux Somaliens ? Pour le deuxième cas, à quoi rime donc ce taux officiel de chômage «fixé» à 10%, comme un quota commandé de défaite électorale, si c'est pour voir des chômeurs manifester, se faire tabasser pour finir par se pendre ? On aurait aimé voir Bensalah s'entretenir avec Belabbès, coordinateur pour la défense des droits des chômeurs ou Larabi, porte-parole des chômeurs, ou encore Zegouni, porte-parole des chômeurs de Hassi Messaoud. Ce ne sera pas le cas. Alger ne discute ni avec les chômeurs ni encore moins avec les terroristes. Officiellement.