Même s'il n'a pas participé aux débats en plénière après avoir suspendu l'ensemble de ses activités parlementaires, le parti du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) n'a pas pour autant passé sous silence la loi de finances complémentaire 2011. Dans un communiqué intitulé «aventurisme» qu'il a publié il y a quelques jours, le parti de Saïd Sadi adresse d'ailleurs des critiques acerbes au gouvernement au sujet de ce texte dont le contenu suggère, selon lui, que «l'Algérie est sur la corde raide». Dans le détail, le RCD s'inquiète fortement des conséquences à moyen et long termes de la progression fulgurante de la dépense publique et avec elle le déficit budgétaire qui se situerait autour de 4000 milliards de dinars (33% du PIB). «Pour des recettes budgétaires de l'ordre de 4720 milliards de DA (dont 3200 en fiscalité pétrolière avec un pétrole à 80 dollars le baril), l'Algérie ne peut soutenir des dépenses de 8275 milliards de DA», prévient le RCD. La «parade» des pouvoirs publics qui est de mettre à contribution le Fonds de régulation des recettes (FRR) qui «disposerait de 4800 milliards de DA, fin 2010» ne convint pas cette formation politique. «Le FRR, dans l'hypothèse où il sera ponctionné de 4000 milliards, ses disponibilités fin 2011 ne seront plus que de 800 milliards de DA. Avec un pétrole à 60 dollars, le déficit absorbera l'intégralité des disponibilités du FRR, fin 2010», précise la même source. «Le déficit serait, comme dirait le ministre des Finances, «soutenable», grâce à toutes ces disponibilités qui relèvent d'une rente et non d'une efficience», ajoute la même source. Le RCD estime que la LFC 2011 a été élaborée «dans la précipitation et surtout l'affolement» par les pouvoirs publics conséquemment à «la conjoncture politique» qui «se renverse brutalement dès le début de l'année 2011». «Tous les équilibres macro-économiques laborieusement concoctés dans l'opacité ont été bouleversés avec depuis janvier, en moyenne, cinq mouvements sociaux qui sont enregistrés chaque jour et la protesta n'a fait que gagner en ancrage et en extension», souligne le parti. La formation de Sadi souligne que face à la «gronde» de la rue et «faute d'une politique de développement, l'urgence devenait le ‘'containement'' de la contestation». Ce cadre, qui a présidé, selon le parti, à l'élaboration de la LFC 2011, a conduit l'Exécutif à faire «des propositions fort généreuses, à contenu populiste très marqué : nouveau régime indemnitaire, aide à l'insertion des jeunes, nouveaux logements, espaces pour l'informel, etc.». De plus, la LFC n'a prévu aucun impôt et taxe supplémentaire et a même inscrit des réductions fiscales au bénéfice de l'activité économique», relève le RCD pour qui «la rationalité attendra !» Dans ces conditions, note la même source, «même l'annulation de l'intégralité des investissements budgétaires ne sera pas suffisante pour combler le déficit». De toute manière, «il va falloir se résigner à des coupes sombres dans le programme d'investissement public», alors que cette option «s'est déjà concrétisée avec des restes à réaliser de 130 milliards de dollars sur les 200 du précédent plan quinquennal, soit 65%», lit-on dans le communiqué. Le RCD estime que «faute d'un pétrole à 150 dollars le baril, les périls sont immenses». Or, «il fallait avoir un mépris souverain de la perspective nationale pour en arriver là», alors que «l'Algérie est riche». Le parti de Saïd Sadi conclut en se demandant si «à la Présidence, au DRS, aux Finances, à la Banque d'Algérie», on a «conscience» de la situation, avant de répondre par la négative.