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D'où commence la démocratie
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Publié dans El Watan le 16 - 06 - 2011

De nombreux points ont été débattus lors des rencontres entre les représentants de la société algérienne et l'instance de consultations sur les réformes politiques, présidée par M. Abdelkader Bensalah, mais pourtant personne n'a soulevé l'un des points cruciaux, en l'occurrence le mode de scrutin actuel pour les élections législatives, communales, et de wilaya.
L'on ne peut avoir de démocratie dans une nation, si le scrutin en lui-même n'est pas conforme à ce mode de gouvernance.
Il existe plusieurs formes de mode de scrutin, et chacun possède ses avantages et ses inconvénients, les plus importantes sont : les scrutins majoritaires et les scrutins proportionnels.Le scrutin majoritaire est le plus ancien mode de désignation, il peut être uninominal, plurinominal, à un tour ou à deux tours, le second est le scrutin à la proportionnelle du nombre de voix obtenues sur une liste.
Le scrutin majoritaire permet aux électeurs de choisir leur candidat librement, chaque candidat a, mathématiquement, une chance d'être élu, à l'inverse du scrutin à la proportionnelle où les seconds couteaux qui n'ont absolument aucune chance d'être élu, font les lièvres pour les premiers de liste.
Dans le scrutin majoritaire uninominal à deux tours, la réussite au premier tour est conditionnée par l'obtention d'une majorité absolue des voix. Faute d'avoir atteint ce seuil, un second tour est organisé. Son accès est réglementé aux deux seuls candidats ayant eu le meilleur score au premier tour. Ce qui permet au candidat élu d'avoir la majorité absolue et d'éviter d'avoir des blocages au niveau des différentes assemblées élues.
Le scrutin proportionnel permet de faire en sorte que les élus reflètent le plus équitablement possible la diversité des opinions des électeurs. Chaque parti politique présente une liste de candidats au suffrage où l'électeur ne peut faire que le choix de la liste dans sa totalité. Les candidats, en fonction du score obtenu, sont choisis dans l'ordre d'inscription sur la liste. C'est donc le parti, qui, par ordre de présentation des candidats, décide de ses élus en fonction du nombre de sièges obtenus.
Quels sont les avantages et inconvénients des différents systèmes ? Le scrutin uninominal à deux tours : l'avantage du premier tour permet de se faire une réelle idée de la cartographie politique du pays.
Ce système permet de faire des alliances entre les partis entre les deux tours par le report des voix des petits partis et le candidat vainqueur a nécessairement plus de 50% des voix et évite un blocage politique. Quant à la proportionnelle à un tour telle qu'appliquée aujourd'hui en Algérie, l'effet positif de ce système représente assez fidèlement l'opinion des votants quant au choix des partis préférés, mais sans avoir la possibilité de choisir les candidats favoris. Il permet de faire accéder les petits partis au pouvoir, il n'est donc plus utile pour eux de s'allier pour avoir des sièges.
Au niveau général, ce système induit une instabilité, car on ne peut pas former une majorité forte, les représentants sont obligés de former des coalitions peu homogènes et cela engendre donc un blocage politique, et c'est ce qui a été vu dans de nombreuses APC qui, faute de majorité, se retrouvent pratiquement sans président durant tout le mandat.
Chez nous, en Algérie, croyez-vous que ce mode de scrutin à la proportionnelle de liste est conforme aux vertus de
la démocratie ? Ce mode de scrutin tant décrié a engendré le trabendisme politique. Beaucoup de têtes de liste ne sont pas choisies en fonction de leurs compétences mais en fonction de leurs fortunes ou de leurs amitiés.
Cette forme de récompense politique, où les candidats y figurant, mieux informés des réalités de la commune ou de la circonscription proche de la population, servent uniquement à remplir la liste et à faire la claque pour les têtes de liste.
Le choix du parti n'est pas forcément le choix des électeurs, tout en sachant que dans une même liste électorale, les favoris des peuples ne sont pas les favoris des princes.
Il existe une troisième voie mieux appropriée à nos modes de gouvernance, et qui supprimerait définitivement les candidatures de faveur (amitiés ou trabendo). Ce système serait un système mixte, qui aurait l'avantage de réunir les points positifs du scrutin majoritaire et de la proportionnelle. Ce système est le vote préférentiel, où les électeurs choisissent une liste et au sein de cette liste, ils y choisissent le ou leurs candidats préférés. Les élus d'une liste sont choisis en fonction du nombre de voix que chacun d'entre eux a obtenues (si par exemple un parti récolte 4 sièges dans une circonscription, ce sont les 4 candidats ayant obtenu le plus de voix sur cette liste qui seront élus).
Il n'y aurait donc ni premier de liste, ni dernier de liste et le dernier choix reviendrait au citoyen qui, après le choix du parti, aurait également le choix du candidat où l'élu ne leur sera plus pratiquement imposé par la liste.
Cette liste serait donc élaborée par ordre alphabétique et les candidats les plus appréciés par les électeurs seraient donc élus. Ce mode de scrutin, adopté dans de nombreux pays, tels que le Danemark, les Pays-Bas, la Suède et la Belgique, présente l'avantage de permettre une représentation plus fidèle de la réalité politique. Si ce système venait à être adopté, il permettrait d'assainir et d'éliminer définitivement et immédiatement le clanisme, le trabendisme et l'affairisme politique au profit des compétences et des valeurs, et du véritable choix démocratique du citoyen quant à son choix du parti et du candidat de ce parti.


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