18 juin 1994 - 18 juin 2011. Dix-sept ans auront passé depuis l'assassinat devant son cabinet, à Alger, de Me Youcef Fathallah. Brillant avocat, militant acharné des droits humains, Me Youcef Fathallah était surtout connu pour avoir été le premier président de la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADH, aujourd'hui dirigée par Me Boudjemaâ Ghéchir). Par ses prises de position courageuses dans un contexte marqué par des atteintes outrancières à la dignité humaine, Me Fathallah s'affirmait comme une voix singulière. La voix d'un juste. Un plaidoyer pour la raison. A ce titre, il s'inscrivait incontestablement dans la lignée de nos ténors du barreau qui firent honneur à leur profession par leur vaillance et leur engagement, de Ali Boumendjel à Ali Yahia Abdennour. Parangon de l'intégrité, il suffit, pour s'en convaincre, de citer cet épisode qui en dit long sur l'homme et ses convictions : en tant que membre de la commission d'enquête sur l'assassinat de Boudiaf (dite Commission Bouchaïb), Me Fathallah avait refusé de cautionner le rapport de cette commission qui concluait, convient-il de le rappeler, à l'acte isolé. Dans un document d'Amnesty international qui date du 1er novembre 1996, on peut lire : «En juin 1994, Youcef Fathallah, président de la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADH), a été assassiné dans l'entrée de son bureau à Alger. Trois semaines auparavant, il avait exposé la situation des droits de l'homme en Algérie dans une réunion organisée par Amnesty international à Berlin (Allemagne). Youcef Fathallah avait décrit les exécutions extrajudiciaires quotidiennes, les homicides et autres atteintes aux droits de l'homme perpétrés par les forces de sécurité et les groupes armés. Il avait aussi parlé de la terreur dans laquelle vivait la population civile ainsi que du renforcement de la censure et des informations de plus en plus sélectives sur la violence en Algérie. Ce que Youcef Fathallah a dit à propos de la situation des droits de l'homme est toujours d'actualité : le climat de terreur, qu'il avait décrit, est devenu de plus en plus omniprésent et des dizaines de milliers de personnes ont été tuées depuis 1994 ». En hommage à Youcef Fathallah, la LADH milite pour faire du 18 juin la journée nationale des droits de l'homme.