Le ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques (MPRH) vient de concevoir son schéma directeur de développement de la pêche et de l'aquaculture, après avoir identifié les besoins du pays et arrêté les projets avec précision. La concrétisation de ce programme doit s'inscrire dans le cadre du Schéma directeur national de développement durable (SDNDD). C'est la raison pour laquelle le département ministériel de Smaïl Mimoun a initié une série de rencontres régionales avec les autres secteurs d'activité, pour leur faire part de ses projets prévus à travers l'ensemble du pays. Chaque secteur d'activité doit achever son schéma directeur au plus tard le mois de juin 2006, après une concertation avec le reste des secteurs et la coordination de toutes les actions ; en tenant compte des impératifs de ses homologues ; avant que l'ensemble des schémas directeurs sectoriels nationaux ne fasse l'objet d'un examen par le Conseil du gouvernement en décembre 2006. Il est question de la gestion des espaces et de l'aménagement du territoire, dans la perspective du projet « Algérie 2025 ». Le MPRH tente d'établir des passerelles avec les autres secteurs d'activité, afin de pouvoir s'intégrer dans le schéma national de l'aménagement du territoire. La pêche demeure un secteur stratégique, pourvu des potentialités énormes qui ne sont toujours pas exploitées à tous les niveaux, en mer et sur l'ensemble du sol algérien. L'aquaculture est une activité nécessaire et vitale pour le pays, dans la mesure où les ressources halieutiques sont limitées, comme à l'instar des autres pays du bassin méditerranéen. « La Méditerranée est une mer qui n'est pas trop productive, déclare M. Djeffal, directeur du développement de l'aquaculture au MPRH, car les eaux ne se renouvellent pas rapidement. Les océanographes ont prouvé que ses eaux se renouvellent au bout d'un siècle », ajoute-t-il. Le fait que ces eaux ne se renouvellent pas bien, cela entraîne une baisse de la productivité. Ce qui aggrave encore davantage l'état de la mer, c'est qu'elle se retrouve aujourd'hui agressée par plusieurs sources de pollution. Les stocks halieutiques, par conséquent, enregistrent une nette régression de la faune marine, allant jusqu'à la disparition de quelques espèces. Un état des lieux ayant poussé l'Organisation du fonds alimentaire (FAO), qui décide d'arriver d'ici à 2030 à la proportion d'un taux de 50% pour la pêche marine et de 50% pour l'aquaculture. En ce qui concerne l'Union européenne actuellement, la proportion s'élève à 80% pour la pêche marine et à 20% pour l'aquaculture. Pour l'Algérie, le taux de la pêche marine est estimé à 99,5%, tandis que l'aquaculture ne dépasse même pas 0,5%. Notre pays enregistre un énorme retard. Il faut absolument arriver à niveler ces taux dans les meilleurs délais. Ce retard est dû à la mentalité des gens et à la propagation des rumeurs sur l'aquaculture. Avec les moyens technologiques actuels, il est facile d'installer des structures pour l'activité de l'acquaculture au niveau des endroits de la côte qui sont totalement exposés à des houles très importantes. Certains pensent que l'aquaculture ne peut s'effectuer dans un pays qui enregistre un déficit en pluviométrie. Ils ignorent que le poisson utilise l'eau, mais ne la consomme pas. Avec l'augmentation de la population et la pollution de la mer, le recours à l'élevage du poisson et l'aquaculture s'avèrent incontournables. En pleine mer, la possibilité de faire les moules et élever le poisson grâce aux cages flottantes ; le littoral permet de créer des bassins pour l'élevage à l'eau marine ; à l'intérieur du pays à proximité des barrages et des bassins d'irrigation, et même au sud de l'Algérie, autant d'espaces qui favorisent un développement rapide de l'aquaculture. Celle-ci aura le mérite de créer une quatrième fonction pour le barrage, après l'irrigation, l'AEP et la production de l'énergie électrique, s'ajoute celle de l'élevage du poisson. Dans le désert, les forages ont été abandonnés par des habitants, en raison d'un taux élevé de salinité. Il n'en demeure pas moins que certaines espèces de poisson peuvent être élevées dans ces forages. Il y a des algues qui évoluent en eau chaude, de surcroît très demandées à l'étranger ; la spiruline ; destinée à plusieurs usages, qui existe dans la région de Tamanrasset. L'agriculture en état d'abandon dans certaines oasis, risque de disparaître. Cela met en péril le système d'irrigation qui constitue un patrimoine national, qu'il faut à tout prix préserver, les foggaras. Le MPRH compte introduire l'élevage de poisson au niveau de ce système d'irrigation et pouvoir développer parallèlement l'activité du tourisme dans ces oasis. Une expérience va être entreprise très prochainement dans une oasis de Beni Abbès. Le MPRH en relation avec le partenaire allemand, le bureau d'études GTZ compte lancer ce projet pour sauver l'oasis. Si le MPRH attache de l'importance à ce volet, c'est parce que le schéma national de l'aquaculture constitue un instrument fondamental pour l'essor de cette activité touristique. Le bureau allemand Rogge Marine a élaboré, dans le cadre d'un contrat de coopération avec le MPRH, une carte d'une portée nationale. « 286 sites propices à l'aquaculture existent en Algérie. 100 sont destinés à l'aquaculture marine et 186 à l'aquaculture d'eau douce », nous confie M. Djeffal. Le résultat de cette étude approfondie permettra au MPRH, dès à présent, d'orienter les éventuels investisseurs. Les conclusions sérieuses du bureau d'études allemand ont révélé la localisation et l'identification des technologies adaptées pour chaque site d'une part, et d'autre part, les tailles des établissements d'aquaculture pour chaque site et les espèces de poisson à élever suivant des paramètres précis. L'investisseur ne se charge plus de faire de la prospection des sites, le MPRH l'épargne de toutes ces démarches. C'est avec ces précieuses données obtenues à l'issue des études scientifiques réalisées par les Espagnols et les Allemands, en présence des scientifiques algériens, que le MPRH compte intégrer (imposer) ses activités dans le cadre du SDNDD. Toutes les wilayas sont concernées par l'aquaculture, une activité créatrice de richesses et d'emploi, tout en préservant l'environnement.