Quand Mohamed Réda Abid, Algérien résidant à l'étranger, a décidé d'investir dans son propre pays avec son apport personnel, il était loin de penser qu'il allait être chassé comme un malfrat. Dans le cadre de la promotion de l'investissement dans les régions déshéritées, j'ai acquis une parcelle de terrain auprès d'un particulier à Aïn Fezza, wilaya de Tlemcen, suivant le certificat de possession N°309 du 30 septembre 2007, établi par la mairie d'Aïn Fezza et publié par la Conservation foncière de Tlemcen», ainsi entame M. Abid son récit ubuesque. Un terrain qui devait servir d'assiette pour l'implantation d'une usine de production et de galvanisation des pylônes électriques nécessaires au programme d'électrification en Algérie, et où une étude technico-économique a garanti le respect de l'environnement, comme le prouve l'étude validée par la direction de l'environnement de Tlemcen sous le n° 226/2008 du 16 mars 2008. Après avoir répondu à toutes les exigences de l'administration algérienne, la construction de l'usine fut entamée conformément au permis de construire délivré au nom de Metgav en date du 28 juin 2009, en application du code de l'urbanisme et aux lois de la République. L'avancement des travaux a atteint 40 %. Ayant toutes les garanties de la création de son usine, M. Abid a pris des engagements avec une firme étrangère pour une assistance technique et la fourniture des équipements inscrits à l'Agence nationale de développement de l'investissement sous le numéro 2007/13/0152 du 27 novembre 2007. Mais, ce n'était pas gagné pour autant : «Grandes furent ma surprise et ma désolation lorsque M. le wali de Tlemcen me notifia une annulation du permis de construire sur proposition du secrétaire général de la wilaya de Tlemcen, sans être préalablement consulté ou même mis en demeure, en s'appuyant seulement sur une correspondance émanant du ministère de la Justice, datée du 16 août 2009, délimitant le périmètre de sécurité d'un projet de pénitencier initié postérieurement à l'implantation. Une correspondance dont il n'existerait, en réalité, aucune trace.» Contacté pour plus d'informations, le maire de Aïn Fezza a indiqué que ce projet «est conforme aux lois de la République et l'implantation a posteriori dudit pénitencier avait prévu initialement au moins cent mètres de distance, soutenu par un avis technique et un procès-verbal du choix de terrain de la subdivision de l'urbanisme de la daïra de Chetouane». En fait, le projet en phase de réalisation existait avant celui du centre pénitentiaire. M. Abid a été reçu plus tard par le wali, mais en vain. Las, M. Abid s'est orienté vers le ministère de la Justice. Après quoi, il a été reçu par le procureur général de la cour de Tlemcen le 10 janvier 2011. «Le magistrat me certifia que mes inquiétudes et mes doléances seront communiquées fidèlement au ministre de la Justice.» Mais, depuis... rien. Une audience auprès dudit ministre a été demandée le 9 février 2011. Aucune réponse. Très abattu, M. Abid confesse : «Tous mes efforts de plusieurs années de travail ont été anéantis avec une légèreté déconcertante sans aucune considération ni pour les dépenses engendrées ni pour le temps passé d'une administration à l'autre, encore moins pour les 140 ouvriers du projet. Je suis vraiment confus face à des engagements fermes préalablement pris avec des partenaires locaux et étrangers.»