En dépit des assurances lancées ça et là, affirmant que les épreuves du baccalauréat se sont déroulées dans de bonnes conditions, les témoignages de certains surveillants expriment un avis totalement différent. «Le copiage est devenu un principe», assènent des professeurs. D'autres estiment que dans certains cas, il est aventureux d'interdire à quiconque parmi les candidats de parler à son camarade ou de l'empêcher de copier. Dans des centres d'examen, tous les moyens étaient bons pour faire du bac une épreuve de copiage. «Au lieu de bourrer leurs crânes de savoir, les candidats préfèrent recopier des leçons entières sur les murs, les chaises ou même sur les tables», note un enseignant. Dans un centre d'examen, des surveillants, intrigués par les incessantes demandes de sortie des candidats, ont découvert tout un lot de cahiers et de livres soigneusement caché dans les toilettes. Mais, le fait le plus révélateur de cette tricherie s'est déroulé au centre de Sidi Marouf, au sud de la wilaya, où un professeur, qui a osé dire non à cette nouvelle donne, a failli être agressé en public. Insulté à coup d'obscénités proférées par un candidat en plein centre du village, cet enseignant a décidé de porter plainte. «Je ne peux pardonner la menace et l'intimidation dont j'ai fait l'objet, et ce, après 25 ans de carrière au service de toute une génération, à l'égard de laquelle j'estime avoir accompli humblement mon devoir d'enseignant», dit il. Relatant les motifs qui l'ont conduit au commissariat de police au troisième jour de l'épreuve, notre interlocuteur, un professeur d'anglais du secondaire, affirme avoir échappé à une agression physique. Pris en flagrant délit de copiage, après plusieurs tentatives de fraude, le candidat en question est allé régler ses comptes d'une manière brutale avec le surveillant en chef de la salle d'examen. Le pauvre professeur n'a d'ailleurs trouvé son salut qu'en allant demander l'escorte auprès du chef de centre, lequel l'a orienté vers le commissariat de police. Contacté, le directeur de l'éducation a estimé que ce cas est un acte isolé, même si certains candidats, avoue-t-il, pour réussir, tentent d'avoir recours à des moyens qu'on ne peut accepter.