Noureddine Moussa, ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, a reconnu hier l'impuissance de son département à lutter efficacement contre les constructions illicites et anarchiques. «Les gens construisent n'importe comment et n'importe où ! Et après, ils disent que l'Etat est absent (…) On ne peut pas mettre un policier derrière chaque citoyen pour l'empêcher de faire une faute», a estimé le ministre lors d'une conférence de presse organisée en marge de la tenue à Alger des premières assises nationales de l'urbanisme. D'après lui, l'urbanisme est une affaire de toute la société et non pas seulement de la responsabilité de l'Etat ou de son ministère. En termes de contrôle urbain, l'Algérie dispose de seulement 1200 agents de la police urbaine, habilités à constater sur le terrain les infractions à l'urbanisme, mais ce chiffre demeure insuffisant, a encore estimé M. Moussa. «Il va falloir renforcer les effectifs. Avec la création de l'inspection générale de l'urbanisme et des 8 inspections régionales, je pense que nous sommes en train de mettre en place les outils de contrôle», a-t-il ajouté. Le secteur de l'habitat compte également plus de 10 000 architectes urbanistes, formés à l'Ecole polytechnique d'architecture et d'urbanisme d'Alger. Le secteur manque en revanche d'autres métiers nécessaires. «Il faut aller plus loin. Il faut des compléments dans d'autres métiers comme le paysagiste et l'aménageur», a-t-il plaidé. Si le paysage urbanistique est défiguré, le ministre impute cette anarchie ambiante à la gestion des DEC durant la décennie noire, période durant laquelle «l'Etat s'attelait à assurer la sécurité des citoyens et de leurs biens avant toute autre chose». Selon lui, il est temps de «mettre fin à la distribution aléatoire des terrains et à la construction anarchique». Au sujet de la régularisation des constructions inachevées, M. Moussa a révélé dans une déclaration à la radio, que «30 000 sur 70 000 demandes de régularisation reçues ont été déjà réglées» par la commission chargée du dossier. En vigueur depuis juillet 2008, la loi portant régularisation de constructions inachevées offre l'occasion aux citoyens qui sont «dans des situations illégales de rentrer dans la légalité». «La question est très compliquée, demande un travail très pointu», a-t-il affirmé. Par ailleurs, interpellé sur les accusations de favoritisme et de corruption dans les commissions de distribution de logements public-locatif, le ministre s'en est défendu. «Le travail au sein des commissions est sérieux, car il s'agit de deniers publics», a-t-il répliqué, avant de nuancer ses propos : «C'est un travail humain et il se peut qu'il y ait trafic, mais il devrait être très minime.» Ceci dit, l'actuel dispositif d'attribution des logements, qui s'appuie sur l'arrêté 08-04 du 11 mai 2008, est «équitable et transparent». Les opérations d'attribution de logements sont sujettes à caution et suscitent souvent des mouvements de contestation.