La guerre en Irak, qui se poursuit sous de multiples formes et alimente les débats électoraux aux Etats-Unis à travers un faisceau d'accusations aussitôt démenties par les parties mises en cause, vire carrément à la tragédie aussi bien pour le peuple irakien dans son ensemble, puisque plus personne n'est épargné y compris les dignitaires religieux qui ont cru utile, voire primordial de monter au créneau pour dénoncer certaines pratiques, que les étrangers. Depuis quelques mois, ce sont les enlèvements qui se multiplient afin, pensent certains analystes, de permettre à leurs auteurs d'occuper le terrain médiatique. L'un des deux Américains retenus en otages en Irak par le groupe de l'islamiste jordanien Abou Moussab Al Zarqaoui sur la base de la revendication qui en a été faite a été décapité par ses ravisseurs, selon une vidéo diffusée, lundi dernier, sur un site Internet islamiste, alors que deux dirigeants sunnites ont été assassinés à Baghdad. Un responsable gouvernemental américain a confirmé, depuis Washington, l'exécution en annonçant qu'un corps décapité avait été découvert à Baghdad et qu'il avait été identifié comme étant Eugene Armstrong. « Son corps décapité a été découvert », a déclaré ce responsable qui a requis l'anonymat. Ce groupe menace aussi de tuer dans les 24 heures un autre otage s'il n'obtient pas la libération des Irakiennes détenues dans les prisons d'Abou Ghraïb et d'Oum Qasr en Irak. Eugène « Jack » Armstrong avait été enlevé le 16 septembre à Baghdad avec un autre américain, Jack Hensley, et un Britannique, Kenneth Bigley, par le groupe d'Al Zarqaoui. Leur ultimatum expirait lundi. Une vingtaine d'otages sont actuellement détenus en Irak, et parmi eux, les journalistes français Christian Chesnot et Georges Malbrunot, enlevés, il y a un mois exactement, et les deux Italiennes Simona Torretta et Simona Pari, enlevées le 7 septembre dernier à Baghdad avec deux Irakiens. Par contre, 18 soldats de la Garde nationale irakienne retenus depuis dimanche par un groupe armé pour exiger la libération d'un dirigeant chiite ont été libérés lundi. Quant à la guerre, sous sa forme communément admise, elle est encore loin de s'arrêter. Un soldat américain a été tué, lundi après-midi, dans une attaque contre une patrouille près d'Al Charqat, au nord de Baghdad, ce qui porte à 1033 le nombre de militaires américains morts en Irak depuis l'invasion de ce pays en mars 2003, selon le Pentagone. Ces statistiques sont par contre muettes en ce qui concerne les victimes irakiennes, dont le nombre est estimé à plusieurs milliers. Un chiffre qui s'accroît sans cesse avec ces nouveaux bombardements américains sur la ville de Falloujah, faisant deux tués et trois autres blessés selon un bilan de l'hôpital de cette ville. Comme pour chaque attaque de ce genre, l'armée américaine indique que le raid de son aviation visait « des équipements lourds de travaux publics utilisés par des forces anti-irakiennes », c'est-à-dire la résistance irakienne, tantôt présentée comme une rébellion, tantôt comme des groupes terroristes, mais jamais comme telle. Et nul ne sait jus0qu'où ira cette situation.