La situation physique du secteur agricole de la wilaya de Tizi Ouzou fait ressortir qu'en raison de son caractère montagneux, la surface agricole utile (SAU) est dominée par l'arboriculture à concurrence de 45 432 hectares, soit 47,6% de son espace total. Outre l'olivier et le figuier, qui prédominent la production arboricole dans cette région, de nombreuses autres cultures peuvent être adaptées au relief et les conditions climatiques prévalant au niveau local. C'est le cas du cerisier auquel toutes les études scientifiques menées attribuent les hautes montagnes de Kabylie comme espace naturel par excellence. Ce qui n'est pas moins évident sachant que la wilaya renferme plus de 42% de cerisaie nationale avec des plantations qui s'étalent sur plus de 1100 hectares selon les statistiques arrêtées par la direction des services agricoles. Toutefois, en réalité, la position de la principale zone de production de la cerise que s'attribue cette région du pays ne reflète guère une situation réjouissante de ce produit. La cerisaie de la région de Tizi Ouzou est entrée depuis quelques années dans un cycle de déclinaison qui tend à la disparition pure et simple de ce produit rustique. Dans plusieurs localités de la wilaya, comme Larbaâ Nath Irathen et Irdjen, sur près d'un millier de mètres d'altitude, la proportion des cerisiers qui résistent encore aux facteurs destructeurs, dont les maladies, les incendies ou le délaissement, est insignifiante. Pourtant, dans un passé récent, ces régions furent le fief de la cerise à l'instar de Aïn El Hammam, Iboudrarène le long des piémonts du Djurdjura. Dans la situation actuelle de cette branche arboricole, il est évident que la région a raté les objectifs qu'elle s'est assignés en termes de mise en œuvre d'une réelle politique de promotion des produits du terroir. Cet échec est persistant malgré des efforts qui ont été consentis ces dernières années à la faveur des divers programmes de développement déployés dans le secteur agricole. Durant cette dernière décennie, les bilans de la direction des services agricoles font ressortir près de 5 millions de dinars mobilisés dans le cadre du PNDRA (plan de développement agricole et rural), sous forme d'investissements (dont près de 4 millions de dinars, soit 78% du volume global des investissements, ont été engagés par le FNRDA sous forme de soutien pour la plantation de 50 hectares de cerisiers). Dans le détail, les bilans de la DSA précisent que «les actions soutenues par l'Etat sont les travaux au sol pour 20 000DA/ha, les engrais pour 10 000DA/ha et le plant à 200DA l'unité», alors que les aides du FNRDA ont touché 108 agriculteurs. Le capnode et l'action humaine comme facteurs ravageurs A ce rythme, il est toujours utile de noter que les opérations de soutien à la promotion de la production de la cerise qui viennent d'être citées demeurent insuffisantes comparativement aux potentialités et la dimension de cette culture dans une région où elle vient en 5e position des produits qui jouissent de bonnes conditions d'adaptation après l'olivier, le figuier, les agrumes et la vigne. Parmi les facteurs qui freinent l'élan de la cerise, les autorités en charge du secteur agricole évoquent, en premier lieu, les maladies avec l'échec dans la lutte contre les différents parasites qui attaquent le cerisier. A cet égard, les services de la DSA recommandent un «traitement efficace et permanent contre les insectes ravageurs, notamment le capnode qui demeure l'ennemi premier du cerisier, l'exécution d'opérations d'entretien (taille, labours, fertilisation et irrigation), densification des plantations». Le développement non contrôlé de l'apiculture, lui aussi, peut s'avérer comme un facteur de nuisance au cerisier. En effet, les services chargés de la filière requièrent «le contrôle de la pollinisation par la détermination du nombre de ruches proportionnellement à la taille des vergers». Au chapitre des possibilités de développer une culture intensive de la cerise dans la région, il y a lieu de noter que les hauteurs du Djurdjura jouissent d'un climat et une posologie des sols qui particulièrement favorables à ce type de cultures. Au volet historique, il faut rappeler que ce sont les Français qui ont découvert pour la première fois que ces hautes altitudes de Kabylie sont toutes faites pour adopter avec facilité le cerisier. Ce fut en 1918, est-il mentionné dans l'historiographie de ce fruit élaborée par la subdivision agricole de Larbaa Nath Irathen. Durant la période coloniale et les premières années post-indépendance, la cerise a connu son top. Ce n'est qu'au milieu des années 1990 que la cerisaie de la région de Kabylie commence sa décadence effrénée. Au-delà de la Kabylie, la cerise est également produite dans les régions de Meliana, (Aïn Defla) et Tlemcen.