Des villes du sud du pays enregistrent un taux alarmant de maladies oculaires. De tout temps, le trachome a été une maladie présente à Ouargla avec des phases épidémiques importantes, qui avaient suscité l'intérêt des médecins de l'armée française durant l'ère coloniale.Aujourd'hui encore, cette wilaya du Sud-Est, comptant parmi les cinq wilayas à risque, est l' objet d'un suivi continu des autorités sanitaires du pays. Il s'agit des wilayas de Ouargla, Ghardaïa, El Oued, Illizi et Adrar où des études récentes, menées sur plusieurs années, recommandent la mise en place d'un plan de lutte spécifique. D'où l'organisation, à Ouargla, d'un séminaire régional sur la lutte contre le trachome, les 19 et 20 juin courant, avec la participation des représentants de la santé publique, environnement, éducation et collectivités locales de douze wilayas du pays. D'emblée, c'est la prévalence de cette maladie qui a été mise en exergue pour susciter l'intérêt à la problématique. L'Algérie a enregistré 3287 cas de trachome en 2009/2010 et la wilaya de Ouargla à elle seule en compte 570. Une équipe constituée des Dr Tarfani, Tidjani, Draïfi, Gougam et Nouri, représentant le ministère de la de la Santé et le CHU Béni Messous, a supervisé les travaux de ce séminaire visant la mise en place d'un plan d'action de lutte contre le trachome et l'explication des grandes lignes du programme «Chance», celui de la stratégie nationale de lutte contre le trachome, en application des recommandations de l'Organisation mondiale de la santé. Ce programme, tel qu'expliqué par les différents intervenants à ce séminaire, vise l'éradication de cette maladie cécitante à l'horizon 2020. Pour l'Algérie, «il s'agit d'assurer un abaissement annuel de 10% par le biais de programmes quinquennaux dont les premiers résultats seront connus en 2014», affirme le Dr Imadeddine Moadh, directeur de la santé de la wilaya de Ouargla. Le Pr Tidjani du CHU Béni Messous soulignera pour sa part que le programme «Chance» comporte un volet opératoire de l'œil atteint par le trachome, l'antibiothérapie, l'amélioration du cadre de vie du citoyen, notamment pour ce qui est de la lutte contre les poussières et la prolifération des mouches et enfin l'amélioration de la distribution de l'eau potable. «Il faut savoir qu'un seul verre d'eau pour se laver le visage peut nous éviter un cas de trachome chez l'enfant», précisera le Pr Tidjani.Il est à souligner que depuis 2008, des centaines de cas de cataractes ont été opérés et des dizaines de consultations ont été effectuées l'année dernière par l'équipe du Pr Mohamed Tahar Nouri dans les hôpitaux d'Adrar, Timimoun, Ouled Djellal et Touggourt, dans le cadre de la lutte contre les affections oculaires et maladies cécitantes dans le sud du pays.Des campagnes de lutte contre le trachome et les troubles de la réfraction ciblent chaque année les établissements scolaires des wilayas à risque, notamment Ouargla et Ghardaïa, où les daïras de Taïbet, N'goussa et El Ménéa enregistrent un taux alarmant de maladies oculaires chez les enfants scolarisés.