En apprenant le décès du jeune marchand des fruits et légumes, Y. Boumediène, 31 ans, avant-hier soir, au cours de son transfert vers un établissement spécialisé au Nord, plusieurs jeunes manifestants sont descendus en ville pour crier leur colère, et se sont attaqués à coups de pierres contre les éléments de la brigade antiémeute, qui encerclaient, tard dans la soirée de dimanche, le marché Bouhlal, lieu du drame la veille, ainsi que le siège de la wilaya. Les manifestants, âgés entre 15 et 25 ans, se sont ensuite repliés vers le marché couvert à proximité, et ont détruit, sur leur passage, des lampadaires, arraché des plaques de signalisation et brûlé des objets divers sur la chaussée. A 20 h, au centre de la ville, les rues étaient déjà désertes. Un véhicule des services de la sûreté urbaine a été incendié. Matraques au poing, les policiers ont, de leur côté, lancé vers les manifestants des bombes lacrymogènes pour les disperser, et une course-poursuite, qui a duré plusieurs heures, s'est engagée à travers les artères du centre-ville. Pour rappel, hier dans la matinée, des marchands de fruits et légumes, pour la plupart des jeunes, ont été empêchés d'étaler leurs marchandises sur une voie publique parallèle au marché Bouhlal à la suite d'une plainte des riverains adressée aux autorités locales. Selon une source policière, un arrêté municipal a été pris pour faire les évacuer. Le jeune Y. Boumédiène, qui a refusé d'obtempérer à l'ordre d'évacuation des lieux, s'est, dans un geste désespéré, immolé par le feu et un lieutenant de police, qui a tenté, dit-on, de le secourir, a été brûlé au premier degré. Le jeune revendeur, qui a été transporté sur le champ à l'hôpital dans un état comateux, décédera lors de son évacuation vers un établissement spécialisé tard dans l'après-midi. Mais la commune de Béchar n'a jamais accusé la population, songé à résoudre le problème de création de points de vente des fruits et légumes à travers les quartiers, problème toujours soumis à des autorisations préalables. Une telle initiative en faveur des petits revendeurs permettrait, sans doute, indique-t-on, de désengorger la circulation dense au centre de la ville si elle est aussi accompagnée de création d'espaces aménagés et réglementés de vente de produits alimentaires.