La musique ethnique est un vaste territoire où viennent chasser tous les compositeurs. Le groupe français Keltic Tales a puisé dans l'art breton pour construire un projet musical original. Constantine De notre envoyé spécial Le son particulier de la cornemuse irlandaise a fait vibrer, lundi soir, le Palais de la culture Malek Haddad de Constantine, à la faveur du concert du groupe français Keltic Tales au 9e Festival international de jazz de Constantine (Dimajazz). Gildas Boclé, leader du groupe, a bien précisé que la cornemuse irlandaise, instrument traditionnel, a traversé les âges et s'est adaptée à la modernité. Aujourd'hui, les artistes préfèrent parler de Uilleann Pipes (au pluriel) pour désigner la cornemuse irlandaise dont l'origine est pastorale et guerrière. L'instrument a failli disparaître. Il a été, d'une certaine manière, sauvé par la vague folk des années 1970. Le groupe irlandais The bothy band a beaucoup fait pour que la cornemuse reste sur scène. Gildas Boclé, à la contrebasse, son frère, Jean-Baptise, à l'orgue, Hammond, Ronan Le Bars à la cornemuse, Jérôme Barde à la guitare et Nicolas Viccaro, à la batterie ont prouvé, pendant plus d'une heure, que la musique éthnique épouse, sans encombres, le jazz, le rock et la pop. Keltic Tales dès sa création, il y a vingt ans, a choisi le patrimoine musical breton comme terre fertile à ses créations. Manière de prouver aussi qu'il n'existe aucun tabou, aucune ligne dans le processus de recherche musicale. Lorsque l'idée est là, l'harmonie coule de source. Cela est clairement exprimé dans des morceaux tels que Moving pictures ou Marie Louise (du nom de la grand-mère des frères Boclé). On y trouve de la world music. Mais, les membres de Keltic Tales, qui donnent souvent des titres anglais à leurs compositions, ne veulent visiblement pas être «cantonnés» dans ce registre qui, parfois, ressemble à un fourre-tout géant. Il y a donc un intérêt certain pour l'originalité. Pour leur dernier album, Keltic Tales a fait appel au chanteur des Gipsy King François «Canut» Reyes et à l'auteur-compositeur franco-ivoirien Manu Katché (auteur notamment de la bande originale du film Un Indien dans la ville d'Hervé Palud) pour enrichir son projet musical. Pour sa part, Marc Ducret, guitariste français, ne s'arrête pas d'explorer l'étendue spatiale du jazz électrique. Lundi soir, il a eu «un dialogue» particulier avec l'instrument qui a fait sa réputation sur la scène internationale. Tantôt gaie, tantôt triste, la musique de Marc Ducret s'écoute avec l'oreille et l'esprit, moins avec le cœur. Une expression sophistiquée, quelque peu agressive, qui met à nu une volonté manifeste de l'artiste d'aller jusqu'au bout de ce que peut dire une note musicale. Un jazz rock particulier ! Marc Ducret, 54 ans, ne cache pas ses émotions : tout est dans le jeu soigné et dans un visage qui se décompose avec l'évolution de la mélodie. A Constantine, Marc Ducret est monté seul sur scène. Un solo diversement apprécié par le public. Les «pour» et les «contre» se sont exprimés dans le hall du Palais de la culture après le spectacle. A première vue, les dimajazziens n'aiment pas trop la scène dégarnie. Habituellement, Marc Ducret, qui a produit une douzaine d'albums depuis La théorie du pilier sorti en 1987, est accompagné par le batteur Eric Echampard et le bassiste Bruno Chevillon. Il a également un big band avec qui il fait des tournées. Marc Ducret, qui a quitté l'école à 17 ans pour se consacrer corps et âme à la musique, a choisi de jouer de la guitare pour une raison simple. «A l'époque, tout le monde jouait de la guitare à la télévision. Je voulais faire comme Bob Dylan ou les Rolling Stones», a-t-il confié dans une précédente interview. Les jeunes du groupe Oxygène de Skikda connaissent les Rolling Stones de réputation mais veulent avoir leur propre style, leur musique à eux. Ils se sont produits dans la section «Off» du Dimajazz, lundi en fin d'après-midi, à l'esplanade Aziz Djemam du Palais de la culture Malek Haddad. Mené par Sofiane Bentayeb, Oxygène, qui fait de la fusion à partir du reggae, aspire à produire son premier album. Entreprise difficile. Nous y reviendrons.