De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Contrastée, la 4ème soirée du festival international de musique jazz de Constantine, Dimajazz, l'a bien été. Marc Ducret a apporté avec sa guitare électrique de nouvelles sonorités beaucoup plus expérimentales, tandis que le groupe Keltic tales a servi un motif de base porté par des notes de la cornemuse qui a tempéré la soirée de Dimajazz de lundi dernier. Le voyage sur la trame mélodique de cet instrument ancestral a permis aux présents de découvrir toute la magie répandue de l'uillean pipes. La cornemuse était un rassembleur. Confectionnée dans l'une de sa conception moderne l'uillean pipes a été la sonorité qui a «enchanté» cette quatrième soirée du festival. L'air musical «voyageant» et original a émerveillé les mélomanes vite emportés dans des envolées celtiques et ancestrales où l'orgue Hammond parfaitement maîtrisé par Jean-Baptiste Boclé, le frère du compositeur, prend sa magie dans une orchestration «groove américain teintée d'arias traditionnels». «C'est la première fois que nous nous produisons en Algérie», dira le contrebassiste, Gildas Boclé, après avoir joué un premier morceau riche en création. Il y avait des influences de Chik Corea et de Gary Burton que la troupe a côtoyé. Elle a aussi évolué aux côtés de Dizzy Gillepsie, Michael Brecker, Pat Methney, et la liste est longue. De là, on confirmera vite que le parcours musical du Keltic Tales, forgé aux côtés de grosses pointures de jazz. Pour rester en parfaite communion avec le jazz, le free times est donné au virtuose guitariste Jérôme Garde qui s'illustrera par des solos ajoutant du groove aux interprétations. Marie-Louise, titre dédié à la grand-mère du contrebassiste, et des titres extraits du nouveau album Crossfields sorti en 2010, ont chacun une trame mélodieuse rappelant la belle nature de l'Irlande avec toute son âpreté. Le contraste est soutenu par un archet renvoyant quelque peu au son baroque tel qu'exprimé dans les Suites pour violoncelle signés Jean Sébastien Bach. «Toutes nos compositions se basent sur la cornemuse», indiquera le compositeur et interprète. Le public de Dimajazz a, en première partie, découvert un autre style musical, le jazz électrique, avec une formation venue de France. Mais la distorsion et la dissonance étaient différemment accueillies. Marc Ducret, guitariste autodidacte, a emmené le public dans son univers «expérimental». Des notes pas très appréciées par les mélomanes qui récusent les sons «dissonants». D'ailleurs, la moitié de la salle est sortie après avoir pris quelques doses de «sons bruts électriques» trop repoussant, selon quelques présents, alors que les adeptes du son recherché dans toute son étendue rythmique et mélodique sont demeurés attentifs aux exécutions pour le moins de haute qualité. «Cela ne m'a pas plu, ce n'est pas ce que je cherchais vraiment dans cette soirée», avoue un jeune parmi la foule qui a déserté les sièges juste après quelques mesures. Et comme l'écoute musicale diffère d'un auditeur à un autre, Marc Ducret n'a pu transmettre qu'à une frange du public ses «expériences».