Le nouveau président de l'Association France-Algérie (AFA), Jean-Pierre Chevènement s'est dit, hier, lors d'une conférence de presse animée à Alger, «souhaiter que l'Algérie et la France célèbrent le cinquantième anniversaire de l'indépendance algérienne en regardant vers l'avenir et en voyant ce qu'ils peuvent faire ensemble au XXIe siècle». M. Chevènement, qui a entamé dimanche dernier une visite de 5 jours à Alger, a ajouté, en réponse à une question l'invitant à expliquer les raisons du refus de l'Etat français de condamner les crimes commis durant la période coloniale et de présenter des excuses au peuple algérien, qu'il était plutôt favorable à tout ce qui pouvait aller dans le sens de la «conscience» et de l'«échange», car ils permettent d'aller de l'avant et de dissiper ce qu'il y a lieu de l'être. «Nous devons être plus conscients de ce qu'a été notre histoire commune qui a été un choc qui s'est manifesté de diverses manières. Je pense que sur le passé il faut certainement en parler, mais en ayant toujours à l'esprit qu'il ne faut pas obscurcir l'avenir», a plaidé M. Chevènement non sans rappeler qu'il a fait partie de ceux qui ont soutenu l'indépendance de l'Algérie et ceux qui militent aujourd'hui en faveur d'une amitié forte entre l'Algérie et la France. A propos justement du passé, l'ancien ministre français de la Défense considère que «le problème c'est que la France n'ait pas pensé à acheminer l'Algérie vers l'indépendance, ce qui aurait été le terme tout à fait normal, et c'est vraiment dommage». A signaler que le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, avait déclaré le 16 juin dernier, lors de sa visite en Algérie, que les Français «n'étaient pas encore prêts» à la repentance et appelé à ne «pas ressasser indéfiniment» le passé colonial. S'agissant de la coopération entre les deux pays, Jean-Pierre Chevènement a assuré qu'actuellement il n'y a pas de crise entre l'Algérie et la France, invitant une nouvelle fois à «regarder vers l'avenir avec optimisme, car c'est cette vision là qui peut nous permettre d'avancer». A ce propos, il indiquera que sa présence en Algérie consiste aussi à contribuer au réchauffement des relations bilatérales entre les deux pays et à aller encore plus de l'avant de notre coopération. Le président de l'AFA a fait savoir, à ce propos, que son association organisera à la fin de l'année un colloque intitulé Algérie-France au XXIe siècle qui se fixe pour ambition de traiter de tous les grands enjeux qui se poseront aux deux nations, que cela soit dans les domaines de la culture, de l'éducation, de la recherche, de l'énergie, de la transition énergétique, du développement économique et de l'urbanisme. M. Chevènement, qui est connu pour compter d'innombrables amis en Algérie, a affirmé que son association «souhaite vraiment que nos relations permettent le développement en commun sur tous les plans». «Pour moi, les succès de l'Algérie sont un peu les succès de la France. Il n'y a pas de contradiction», a-t-il soutenu. Toujours concernant sa visite en Algérie, M. Chevènement a indiqué que son programme est dense et qu'il prévoit des rencontres avec des personnalités du monde politique, économique, académique et culturel et un déplacement en Kabylie. La raison ? Le président d'honneur du Mouvement des citoyens (MDC) a expliqué que son idée «est de faire un tour d'horizon assez large (…) pour mieux connaître l'Algérie». «Mon souci est de multiplier les contacts avec la société algérienne. Naturellement, je suis intéressé par tout ce qui se passe en Algérie. Votre pays vit à son rythme. Il est très original (…) Nous sentons qu'il y a des choses qui commencent à bouger et qui vont aller dans le bon sens», a-t-il poursuivi. A la question de savoir dans quel état d'esprit il a trouvé ses interlocuteurs politiques, en particulier ceux de l'opposition et ce qu'ils pensent des perspectives qui s'offrent au pays, Jean-Pierre Chevènement a consenti à révéler que si Saïd Sadi, le leader du RCD, «est moins optimiste» (il dira qu'il connaît M. Sadi depuis très longtemps et qu'il l'a vu quelque fois plus optimiste qu'il ne l'est aujourd'hui), Mouloud Hamrouche lui a signifié, par contre, que «c'est du 50-50». A préciser que le président de l'AFA s'est aussi entretenu avec Redha Malek et Abdelaziz Belkhadem. Il prévoit également de rencontrer avant son départ le premier secrétaire du FFS, Ahmed Ouyahia ainsi que des patrons de presse.