En moins de 6 ans, les créances de 2 communes ont atteint 6,5 milliards de DA. Un «litige» autour de la gestion des ressources hydriques et des réseaux AEP vient d'éclater entre, d'une part, les citoyens d'Iboudrarene et de Yatafene, deux communes relevant de la daïra de Beni Yenni (50 km au sud de Tizi Ouzou), et d'autre part, les services de l'Algérienne des eaux (ADE). A l'image de nombreuses localités, les villageois de ces deux communes souffrent en cette période estivale du manque d'eau qui est rationnée à raison d'une journée sur deux. «A cette période elle est rationnée mais pour une durée d'une heure. Parfois, elle n'arrive pas dans tous les foyers», affirment un commerçant qui tient un fast-food au chef lieu d'Iboudrarene. Mais pas seulement. Il y a quelques années déjà, les citoyens qui constatent l'absence de l'ADE dans la gestion des réseaux AEP ne payent plus leurs factures de consommation. Le montant des créances des deux communes a atteint, depuis 2005, 6,5 milliards de dinars. Pourquoi ? «À Iboudrarene, par exemple, l'ADE n'intervient jamais sur les pannes pour l'entretien des 3 sources qui alimentent nos villages. En hiver, ce sont les citoyens qui partent en montagne, sous la neige, pour réparer les fuites ou autre pannes avec l'aide de la mairie», dit un villageois de Tassaft Ouguemoun. «Pour nous, l'ADE n'existe pas, elle est là uniquement pour placer des compteurs et encaisser de l'argent sans l'investir», enchaine un autre habitant qui souhaite comme ses concitoyens un prix spécifique où la suppression des charges incluses dans la tarification de l'eau de sources puisque, affirment-ils, l'organisme gestionnaire ne prend pas en charge les opérations inhérentes aux taxes gravitaires. Une demande irrecevable chez les pouvoirs publics. Pour ces raisons et d'autres, l'APC d'Iboudrarene a décidé de suspendre le payement des factures des établissements publics qui sont sous sa responsabilité depuis janvier 2010. Pour le maire, M. Lakhal, «en l'absence de l'ADE, c'est l'APC qui lui substitue et fait face à toutes les pénuries et fuites qui sont signalées ; la réaction des citoyens est justifiée». A Yatafene, l'on assure que «les élus ont reçu une facture de consommation de l'ensemble des villageois que l'APC doit régler!» Le responsable de l'antenne ADE de Ben Yenni, qui dépend de l'agence des Ouacifs, déplore le manque de moyens dont dispose son service : un seul plombier et un local de moins de 40 m⊃2; dans lequel évolue une dizaine de fonctionnaires. Néanmoins, le responsable assure que «si les factures sont élevées c'est à cause du gaspillage. L'ADE a investi. Nous avons déjà effectué des opérations de renforcement, de réhabilitation et d'extension des réseaux ainsi que des infrastructures hydrauliques comme les châteaux d'eau.» Et d'ajouter : «Face aux non payement des factures on ne peut ni investir ni faire face aux centaines de branchements illicites constatés dans plusieurs villages». À cet effet, l'ADE avait établi des mises en demeure et engagé des poursuites judiciaires à l'encontre des citoyens pour «non payement des factures et piratage de la source Oulsous par des citoyens du village Ait Ouabane, dans la commune d'Akbil». La semaine dernière, après la fermeture de l'antenne ADE de Beni Yenni par les citoyens contestant «une mauvaise prise en charge de l'AEP» dans leur localité, une réunion a été tenue pour aplanir ce cumul de problèmes. Les maires des deux communes, les représentants des comités de villages ainsi que des responsables du secteur de l'hydraulique ont discuté de l'annulation des poursuites judiciaires y compris celles qui sont en instruction. Aussi, mettre fin au piratage et aux piquages illicites, la prise en charge des créances antérieures et le renforcement de l'antenne ADE de Ben Yenni en moyens humains et matériel. Si les problèmes soulevés persistent, les maires des deux communes se sont engagés à se substituer à l'ADE dans la gestion du réseau AEP.