Artiste plasticienne, Latifa Boulfoul a à son actif plus de 1 500 toiles. Très tôt, elle est venue au genre abstrait qui se base sur l'équilibre entre la forme et la couleur. Contrairement à ce que pensent les profanes, l'art abstrait est difficile; il requiert de la recherche et de la réflexion, qui lui permettent de se dépasser et d'aller vers une exploration de l'inconscient, au-delà des limites humaines. - Vos toiles intriguent, nous a-t-on dit. Pourriez-vous nous en parler ? Ce qui m'intéresse dans la peinture, c'est donner un sens à la toile, de la lumière, sans beaucoup de couleurs. Vous savez, à l'étranger, la notion d'incompréhensible est dépassée. L'abstrait est devenu du classique, pas facile, loin s'en faut, car la cohérence finit par émerger de la toile grâce à un agencement des formes. J'aime avoir une fenêtre sur un espace vide, inconnu et impalpable, le bouleverser en créant un enchevêtrement de formes immatérielles qui procurent des sensations conscientes ou inconscientes, réelles ou imaginaires.
- Comment travaillez-vous ? Avez-vous un atelier ? Hélas, non. Je travaille chez moi ; je m'impose un rythme de travail régulier en dépit des difficultés et du manque d'espace. Mais il ne faut pas que je m'arrête de peindre, en attendant mieux. De toute façon, le directeur de la culture se dit intéressé, il a promis de faire quelque chose pour la promotion des arts plastiques.
- Où en est, selon vous, la situation de l'artiste plasticien dans notre pays ? A vrai dire, l'art en est encore au stade de la conjoncture. Il y a lieu de le promouvoir, d'en instaurer la culture dans notre société en multipliant les expositions, en encourageant les artistes, les aider à se déplacer, leur donner les moyens de protéger leurs tableaux, de les transporter. Moi, j'en ai perdu beaucoup. Vous savez (sourire et hésitation), quelqu'un a dit: «Un pays qui ne possède pas d'art est un pays mort». Ici, on ne vit pas de son art, il n'y a pas de marché de l'art. Les gens dépensent plus pour des reproductions chinoises que pour une œuvre authentique. Dans d'autres pays, les organismes d'Etat achètent les tableaux aux artistes pour décorer les infrastructures.
- Avez-vous des projets, d'autres expositions?
Après le mois de Ramadhan, je pense que je ferai quelques expositions. Des amis m'ont invitée à le faire à Annaba, puis à Sétif. Ceci dit, je souhaiterais que l'APC nous réserve davantage d'espaces pour les expositions, car il y en a, et qui ne servent pas à grand-chose actuellement.