Le ministre de l'Intérieur français avait affirmé que les deux tiers des échecs scolaires, c'est l'échec d'enfants immigrés l Devant le tollé soulevé, il a assuré que ces chiffres proviennent de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) l Après un long silence, l'Insee est sorti de sa réserve et fait passer le ministre pour un «cancre». Paris De notre correspondant Guéant enfin corrigé par l'Insee, «Guéant contredit», «Mauvaise copie», les journaux ont rivalisé de jeux de mots pour épingler Claude Guéant avec ses déclarations malheureuses sur l'échec scolaire d'enfants d'immigrés. A force de jouer avec les statistiques, le ministre de l'Intérieur français vient de recevoir une leçon inoubliable de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). En pleine course à l'échalote avec le Front national, il s'était invité à une radio, fin mai, pour déclarer que «les deux tiers des échecs scolaires, c'est l'échec d'enfants d'immigrés». Quelques jours plus tard, il enfonçait le clou peu après à l'Assemblée en assénant : «C'est vrai qu'il y a deux tiers des enfants d'immigrés qui se trouvent au sortir de l'appareil scolaire sans diplôme.» Le ministre appuyait ses dires sur les chiffres de l'Insee. Or, les chiffres de l'Insee contredisent M. Guéant, a officiellement annoncé l'institut. Sortant de sa réserve après la pression des syndicats de l'éducation, l'Insee a tenu à corriger le tir, se référant aux «différents échanges qui ont eu lieu (...) à ce sujet». «La proportion d'enfants d'immigrés parmi les élèves sortis sans qualification de l'enseignement secondaire peut être estimée à environ 16% pour les enfants de familles immigrées. Si on y ajoute les enfants de familles ‘‘mixtes'', cette proportion passe à environ 22%», lit-on dans un communiqué. Ces statistiques figurent dans l'ouvrage Les immigrés en France (collection Insee-Références, édition 2005), elles portent sur la scolarité dans l'enseignement secondaire des élèves entrés en 6e en 1995. Dans cette étude, les proportions d'élèves sortis sans qualification du secondaire sont ainsi de 10,7% parmi les enfants de familles immigrées, de 6,6% parmi les enfants de familles «mixtes» et de 6,1% parmi les enfants de familles non immigrées. Par «famille immigrée», on entend une famille dont les deux parents sont immigrés, c'est-à-dire nés étrangers à l'étranger, ou une famille monoparentale dont le parent chef de famille est immigré. Une «famille mixte» est une famille dont un seul des deux parents est immigré. En fin de semaine, les syndicats avaient sommé la direction de l'Insee de corriger les propos successifs de Claude Guéant, qualifiant l'affaire «d'extrêmement grave». «L'Insee n'a pas vocation à corriger toutes les mauvaises interprétations des données qu'il publie, qu'elles soient de bonne ou de mauvaise foi. Mais, lorsqu'une affaire publique prend une telle importance, lorsque l'institut est directement remis en question, les agents et leurs organisations syndicales attendent une communication», écrivaient alors les syndicats. Depuis la publication du communiqué de l'Insee, le ministre de l'Intérieur s'est réfugié dans le silence. En cette période des examens du bac, il reconnaît implicitement qu'il a rendu une mauvaise copie.