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Zineb El Rhazoui : «Mohammed VI a raté un rendez-vous avec l'histoire, il sortira par la petite porte comme tous les dictateurs !»
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Publié dans El Watan le 01 - 07 - 2011

Les défenseurs du projet de réforme constitutionnel au Maroc s'opposent à ceux qui le rejettent, à la veille d'un référendum pour lequel les autorités continuent de mobiliser à tout-va. Zineb El Rhazoui est Cofondatrice du Mouvement alternatif pour les libertés individuelles et membre du Mouvement du 20 février.
-Pourquoi l'appel au boycott ?
Nous refusons à la fois la forme de la Constitution, son fond et le référendum lui-même, car nous n'avons aucune garantie qu'il sera transparent, le régime marocain s'est fait maître en l'art de la manipulation des scrutins.S'agissant de la forme, il s'agit d'une Constitution cocotte-minute faite en un temps record ! Elle a été rendue publique le 19 juin et sera soumise à un référendum national le 1erjuillet, c'est du jamais vu ! Une dizaine de jours ne suffisent pas pour soumettre ce texte à un débat national qui, par ailleurs, est inexistant ! De plus, ce texte a été concocté dans les arcades du palais royal. Suite à son discours du 9 mars où les lignes de cette constitution ont été tracées, le roi a lui-même nommé une commission ad hoc composée de personnes en perte de crédibilité totale auprès du peuple marocain et qui n'ont aucune représentativité.
Pour ce qui est du fond, cette Constitution a été faite pour le makhzen. Nous nous attendions donc à ce qu'elle soit taillée sur mesure pour le roi, mais pas à ce qu'elle soit aussi décevante. Le texte, non seulement n'apporte aucun changement, mais contrairement à ce qui a été dit dans les médias complaisants, notamment français, il est rétrograde et plus absolutiste que le précédent et cela pour plusieurs raisons : le texte va dans le sens de la théocratisation de l'Etat marocain. Le roi n'est plus seulement commandeur des croyants, mais il est devenu une sorte de Saint en prenant la tête du Conseil des oulémas qui, par ailleurs, a été constitutionalisé, ce qui n'était pas le cas avant. Le conseil sera aussi l'unique instance habilitée à émettre des fatwas. Le roi fait donc entrer le clergé dans la Constitution.
Par ailleurs, le roi est également le président du Conseil de sécurité, les sécuritaires continueront donc à échapper au contrôle des politiques. Il a la mainmise directe sur le législatif et possède tous les pouvoirs de l'Exécutif. Le texte parle bel et bien de l'indépendance de la justice, c'est le roi qui préside le Conseil supérieur de la magistrature, c'est lui qui nomme les juges et c'est lui qui possède tous les pouvoirs de l'Exécutif.
-La séparation des pouvoirs et l'indépendance de la justice sont donc un leurre ?
Absolument! Certaines prérogatives officieuses du cabinet royal, qui existaient dans la pratique, mais pas dans le texte, sont aujourd'hui inscrites dans le texte. Par exemple, toute cette flopée de conseils consultatifs que Mohammed VI créent depuis son accession au trône. Ils sont financés par le contribuable marocain, Mohammed VI nomme des technocrates à leur tête et c'est derniers ne doivent rendre de comptes qu'au roi, maintenant ces conseils sont dans la Constitution, alors qu'ils échappent aux instances représentatives du peuple.
-Le Mouvement du 20 février est certes l'initiateur des réformes, mais pensez-vous faire le poids face à l'énorme campagne pour le «oui» ?
Nous ne sommes pas les seuls à appeler au boycott du référendum, il y a également la coalition des partis de gauche ainsi que la Confédération démocratique du travail (CDT), l'un des principaux syndicats marocains. Aussi, le nombre d'inscrits sur les listes électorales est infime par rapport à la masse électorale. Dans un pays comme le nôtre, je préfère que le «oui» l'emporte à 99,99% ! Cela traduira mieux cette mascarade qui se joue sous nos yeux.
-Le combat continuera-t-il en cas de victoire du oui et malgré l'intimidation ?
Cette Constitution est celle du roi et non du peuple. Nous continuerons évidemment d'exercer des pressions sur le régime pour aller dans le sens du changement et aussi sensibiliser le peuple marocain en qui nous avons confiance. Ce qui est en train de se passer actuellement est absolument scandaleux. Des affiches appelant à voter «oui» sont placardées partout. Les taxis sont obligés de faire campagne pour le oui sous peine de sanctions. Le roi lui-même a appelé à voter oui et a fait fi de son devoir de neutralité.Les barbouzeries sont monnaie courante. Quelques heures avant le discours du roi, le 9 mars, les moqaddems(les agents d'autorité)faisaient le tour des quartiers pour inciter les gens à descendre dans les rues pour exprimer leur joie de manière «spontanée» immédiatement après le discours et appelaient les baltagya au lynchage des membres du 20 février. Mais nous n'avons pas peur de ces gens, bien que nous fassions attention à titre individuel.
Des jeunes sont physiquement agressés, comme Ikram, militante de la coordination de Rabat dont les baltagyalui ont ôté le pantalon devant le Parlement, ou encore, Oussama El Khlifi, un des fondateurs du mouvement, qui a été lynché le soir du discours. Nous faisons également l'objet d'accusation en tout genre : on nous traite de chrétiens, de sionistes, d'homosexuels, d'être à la solde de la junte algérienne ou encore du Polisario et de l'Espagne. Ceci dit, tant que les méthodes du makhzen se poursuivent, nous continuerons, nous aussi, à lutter. L'affaire n'est pas close, Mohammed IV a juste gagné du temps.
-C'est-à-dire…
Aujourd'hui, Mohammed VI n'a plus le bénéfice du doute, le peuple sait maintenant que le problème n'est pas seulement son entourage, mais que le roi cherche à renforcer son pouvoir. Il ne faut pas oublier que 60% des Marocains ont entre 20 et 25 ans, avant au moins il y avait la possibilité d'immigrer vers l'Europe, aujourd'hui la jeunesse marocaine est face à un mur, même la frontière avec l'Algérie est fermée. Ça va finir par exploser.
-La communauté internationale a salué à l'unanimité ce texte…
C'est absolument choquant de voir cette complaisance des Etats étrangers qui n'ont visiblement pas compris la leçon tunisienne et qui continuent d'être complices de régimes qui assassinent des opposants. Ce sont ceux-là mêmes qui ont condamné la violence de l'Etat marocain contre les manifestants. Nous avons eu des morts depuis la contestation : 5 à Houssayma, Kamel El Amari assassiné par l'Etat marocain, ajouter à cela une dizaine de cas d'immolation par le feu depuis le début de l'année, notamment le cas de Fadoua Laroui qui, à elle seule, cristallise le drame de la femme marocaine. Face à cela, Mohammed VI propose une Constitution qui renforce ses pouvoirs. Il a fait quelques retouches cosmétiques pour faire passer le texte pour plus moderniste, mais il se moque du peuple.
Le régime marocain se dirige vers des dérives très dangereuses et nourrit le discours patriotique. Maintenant, les lignes rouges, Dieu, patrie, roi sont dans la Constitution. Si on sort de ces lignes-là, on est un traitre et livré par le régime marocain à la vindicte populaire. J'appelle cela, le «National monarchisme», le couvercle de la marmite sautera tôt ou tard ! Le Mouvement du 20 février avait fait une proposition claire : régner sans gouverner comme dans toutes les monarchies démocratiques. Mohammed VI avait l'occasion d'entrer dans l'histoire par la grande porte, mais puisqu'il a raté ce rendez-vous avec l'histoire, il finira par sortir par la petite porte comme tous les dictateurs !


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