Beaucoup, flairant le filon, vont jusqu'à louer de très jeunes enfants auprès de parents peu scrupuleux, et les initient à cette pratique honteuse. Ils investissent, tôt le matin, des lieux soigneusement ciblés : les parvis des mosquées, les abords du cimetière, la gare routière, les escaliers menant au Coudiat, le boulevard Belouizdad… Les mendiants, puisque c'est d'eux qu'il est question, sont de plus en plus nombreux, surtout les femmes. Ces dernières, pour la plupart très jeunes, n'hésitent pas à traîner avec elles des enfants en bas âges, et même des nourrissons pour susciter la pitié des passants. La voix plaintive, elles quémandent à longueur de journée. Certaines ne se mettent même pas en retrait de la circulation piétonne. Elles s'assoient avec ces enfants à même le trottoir, obligeant les passants à les enjamber. Il y a quelques mois, la direction de l'action sociale a déclenché, sur instruction du wali, une large opération de ramassage où il a été recensé une centaine d'individus s'adonnant à la mendicité. Dirigés vers Diar Rahma, ceux-ci, dont la majorité vient de loin, s'en échappent pour retourner à la même activité. La loi est pourtant claire : la mendicité est un délit passible de prison. En 2003, une vaste campagne de lutte contre ce fléau avait été enclenchée, ayant, à l'époque, donné ses fruits pour un temps. Aujourd'hui, ce n'est plus vraiment une priorité, hormis quelques actions ponctuelles. Des sources affirment que des adultes, pas toujours dans le besoin, ont recours à cette pratique, qu'ils jugent autrement plus lucrative. Beaucoup, flairant le filon, vont jusqu'à louer de très jeunes enfants auprès de parents peu scrupuleux, et les initient à ce «métier» honteux. Ils font partie, précisent nos sources, d'un véritable réseau organisé. A une passante qui proposait du travail à une mendiante (nettoyer des cages d'escalier), celle-ci répondra sèchement: « Je ne peux pas !» Une autre femme qui mendiait dans une autre rue du centre-ville avec deux enfants dont l'âge n'excède pas 3 ans, opposera une bordée d'injures à un homme qui s'indignait de ce spectacle affligeant. Selon un témoin ayant requis l'anonymat, sa voisine, n'étant aucunement dans le besoin, se déguise et prend chaque matin un taxi toute seule, -s'il vous plaît-, pour Skikda, où elle passe la journée à faire la manche. «Chaque week-end, assure-t-il, très bien habillée, elle se rend au marché de Sidi Mabrouk supérieur, -là où tout est cher-, pour y faire ses courses». La présidente d'une association caritative ayant requis l'anonymat, nous a rapporté qu'une mendiante, que l'association a tenté d'aider matériellement, s'est avérée n'être nullement dans le besoin, et qu'elle quémandait à l'insu de son époux. Y a-t-il une solution à ce fléau ?