Heureux tels des anges, une soixantaine d'enfants de la ville de Reggane, dans la wilaya de Adrar, âgés entre 8 et 12 ans, ont mis le cap, il y a quelques jours, sur la belle corniche jijelienne. Hébergés dans le centre des handicapés moteurs sur les hauteurs de la ville, les bambins de cette région du Sud, rendue célèbre par les essais nucléaires français du début des années 1960, n'en reviennent pas de découvrir la mer, le parc zoologique et la cuisine de cette région. «J'ai aimé la mer que je vois pour la première fois», dit d'emblée Aziz, un petit garçon de 12 ans qui a eu sa 6e cette année. Une fille du même âge, se régale d'avoir découvert le lion au parc zoologique. Heureux d'être au milieu d'un monde qui veille au grain pour leur assurer un bon séjour, ces enfants, sont, en fait, soumis à un suivi thérapeutique. «On observe leur comportement pour éventuellement déceler des traumatismes psychologiques», précise le Dr Atrous Cherif, un des médecins qui assurent la couverture médicale de ce voyage. La venue de ces enfants a été rendue possible grâce au projet élaboré par ce dernier, ainsi qu'un autre collègue à lui, le Dr Chelli Bessam, et le psychologue Bekal Farid, de l'agence du développement social. «Ces enfants ont été choisis à la base de leurs conditions sociales défavorisées; ils sont à 90% des orphelins, mais à Reggane on ne choisit pas, tous sont des démunis, c'est un véritable désastre social», assure l'un de nos interlocuteurs. Le suivi thérapeutique de ces bambins est également assuré par une équipe pluridisciplinaire, composée de psychologues et d'éducateurs. Certains nous ont fait part de leur surprise de découvrir que ces enfants ne connaissent même pas les… bananes. «Ils découvrent pour la première fois certains fruits ou des gâteaux qui sont nouveaux pour eux, il ne les ont jamais vus», déplorent ils.