Des dizaines de sympathisants de la cause palestinienne en partance pour Bethléem via Tel-Aviv ont été empêchés de prendre l'avion. Leurs réservations ont été annulées après les menaces de l'Etat israélien. Les compagnies aériennes ont obtempéré. Paris. De notre correspondant L'aéroport Charles-de-Gaulle de Roissy s'est réveillé sur une manifestation joyeuse des militants pro-palestiniens. Dès 4h30, une cinquantaine de voyageurs, se voyant refuser l'enregistrement sur un vol Lufthansa à destination de Tel-Aviv via Francfort, ont occupé les comptoirs de la compagnie au terminal T1. Une heure plus tard, d'autres voyageurs, également refusés sur un vol Alitalia pour Tel-Aviv via Rome, manifestaient au terminal 2F. Quelques voyageurs qui avaient réussi à se faire enregistrer sur le vol Alitalia ont en outre été interdits de monter à bord. Plusieurs voyageurs en partance pour la Cisjordanie dans le cadre de l'opération Bienvenue en Palestine, ont été joints la veille par leur compagnie aérienne leur annonçant l'annulation de leur vol. Une liste de 342 personnes jugées «indésirables» a été remise aux compagnies aériennes, les avertissant que ces passagers, qualifiés de «hooligans» seraient refoulés «aux frais des compagnies» dès leur arrivée à l'aéroport Ben Gourion. «Le gouvernement israélien est ainsi en train d'avouer au monde entier qu'il n'y a pas un blocus mais bien deux (Ghaza et Cisjordanie, ndlr) qui concernent l'ensemble de la Palestine. L'occupation est tellement abjecte qu'elle ne peut se permettre le moindre témoin», s'indigne Olivia Zémor, coordinatrice de l'opération. Les compagnies aériennes cèdent à la pression d'Israël «Mon vol est maintenu mais ma réservation annulée par Netanyahu ! Vous n'avez pas le droit, j'exige un document écrit», crie une passagère à une hôtesse de la Lufthansa. La tension monte. Des militants ont décidé de perturber l'enregistrement et l'embarquement des passagers «désirables». Les forces de l'ordre interviennent au point d'embarquement, interpellent deux personnes et créent un point de passage. Les manifestants redoublent de voix : «Aujourd'hui, le check-point est à Paris !» Comment comprendre que des compagnies aériennes internationales et des aéroports européens se plient à cette décision sans avancer d'explication à des passagers en règle. A 8h, le hall 4 est à nouveau occupé. Plus de 500 personnes, dont la moitié sont des Français, devaient converger vers Tel-Aviv dans la journée de vendredi. L'opération, sous couvert de semaine culturelle, visait à démontrer que la libre-circulation n'est pas garantie aux personnes désirant voyager en Cisjordanie, qu'ils soient Palestiniens ou non. Les organisateurs voulaient aussi marquer l'anniversaire de la décision, le 9 juillet 2004, de la Cour internationale de justice (CIJ) déclarant illégale la barrière de séparation construite par Israël en Cisjordanie. Un sit-in a été improvisé par les sympathisants pro-palestiniens à l'aéroport. «Ils réclament, notamment, la délivrance d'une reconnaissance écrite par les compagnies concernées (Air France, Alitalia, Austrian, Lufthansa, Malev) d'attestations motivées de ces refus d'embarquement. Seule une partie des passagers avaient reçu à la mi-journée ce document élémentaire, dans lequel les compagnies confessent leur obéissance à Israël. Ils ne quitteront pas non plus les lieux tant qu'ils n'auront pas obtenu le remboursement de leur billet, ce qui ne présume évidemment pas des actions judiciaires qu'ils pourront engager par la suite contre les compagnies à l'origine de leur préjudice», explique Olivia Zémor. Après la flottille pour Ghaza, l'opération Bienvenue en Palestine est en passe de rester en rade. Pendant ce temps, le ministre du Tourisme israélien a promis de recevoir avec des fleurs les touristes «non militants».