Le Sud-Soudan devient dès aujourd'hui un Etat indépendant. C'est enfin la délivrance pour les populations de cette région animiste et chrétienne, de tout temps persécutées, voire soumises à l'esclavage par le Nord arabe et musulman. Les Sud-Soudanais n'en demandaient pas tant. Ils se sont révoltés, se sont battus les armes à la main pour leur dignité et non pour la partition du Soudan. Ils doivent cette sécession à un seul homme : le dictateur islamiste Omar El Béchir. Est-ce à dire que cet homme a eu à un moment donné de sa vie une quelconque compassion et du respect pour les revendications «d'infidèles» ? Il est plutôt connu pour être un grand criminel, surtout pour les massacres qu'il a ordonnés dans le Darfour. D'ailleurs, un mandant d'arrêt international a été lancé contre lui par la Cour pénale internationale pour crimes contre l'humanité. Il est aussi connu pour avoir ouvert des camps d'entraînement pour les terroristes du GIA, lesquels retournaient ensuite en Algérie avec la complicité d'un autre dictateur, Mouammar El Gueddafi, pour y semer mort et désolation. En fait, le dictateur de Khartoum n'a fait que réaliser un rêve caressé depuis 1956 par… Israël. L'option stratégique de ce dernier a toujours été l'éclatement des pays arabes. Un plan en ce sens a été élaboré depuis très longtemps et vise, entre autres, la Syrie, l'Irak et l'Arabie Saoudite. Omar El Béchir vient de concrétiser une partie de ce plan. Est-il un agent d'Israël ou au moins de la CIA ? De toute évidence, il a rendu un immense service à ces derniers. Malheureusement, il a aussi ouvert la voie à tous ceux qui rêvent de la déstabilisation de l'Afrique. Dès les indépendances africaines, dans les années 1960, les dirigeants de l'époque avaient adopté, dans leur grande sagesse, en 1963 à Addis Abeba, la fameuse charte de l'Organisation de l'unité africaine qui appelait les Etats membres à respecter les frontières héritées à l'indépendance pour éviter à l'Afrique la douleur d'insolubles conflits frontaliers. El Béchir a violé ce principe sacro-saint. Il a créé un précédent explosif auquel vont se référer tous les sécessionnistes qui désirent entrer en conflit avec un pouvoir central. Il a suffi d'un chef d'Etat aventurier pour qu'il y ait le risque de voir l'Afrique tomber dans les guerres civiles et de sécession, comme si ce continent n'avait pas déjà assez de ses malheurs présents.