Le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, a annoncé hier, lors de la journée d'information sur le tarif de référence, organisée au siège du ministère, les nouvelles modalités de remboursement des médicaments. Un mécanisme indispensable, selon lui, pour la promotion du médicament générique et pour réduire les dépenses de la Sécurité sociale qui sont passées de 19 milliards de dinars, en 2003, à 41,5 milliards de dinars en 2004. Il a indiqué que les différentes études menées par son secteur et par d'autres organismes ont souligné l'impact de l'effet prix, plus que les autres facteurs, sur le rythme de croissance très rapide des dépenses pharmaceutiques de la Sécurité sociale. A ce titre, le ministre a signalé que le rythme de croissance est de l'ordre de 20% par an, alors que l'expérience internationale, selon lui, « montre que, dans la plupart des pays, le taux d'évolution de ces dépenses ne dépasse pas les 6% ». La démarche adoptée par son secteur ne créera pas, d'après lui, une contrainte à l'accessibilité du médicament, mais permettra de « dépenser mieux », pour une meilleure prise en charge des assurés sociaux. Interrogé sur les économies que pourraient faire les caisses de Sécurité sociale avec l'application de ce tarif de référence pour l'année 2006, Tayeb Louh a déclaré qu'elles seraient de près de 4 à 5 milliards de dinars. Il a fait savoir que ces économies vont être redistribuées pour contribuer à l'amélioration de niveaux de prise en charge d'autres soins de santé, tels les actes médicaux. Concernant la mise en application de cette nouvelle mesure, le ministre du Travail et de la Sécurité sociale a rassuré que l'arsenal juridique visant la régulation du marché du médicament a été parachevé, en rappelant les mesures législatives de 2005 telles que les dispositions législatives contenues dans la loi de finance 2006 se rapportant au domaine du médicament. Pour lui, aujourd'hui, il y a « une meilleure connaissance du marché national du médicament, par le biais de la constitution de la base de données au niveau des secteurs du commerce, de la santé et des organismes de la Sécurité sociale et une plus grande disponibilité du médicament avec une très forte implication de la production nationale ». Tayeb Louh a, par ailleurs, signalé qu'il est aussi prévu un réaménagement de la convention avec les pharmaciens d'officine pour susciter leur adhésion à la démarche. Comme il est décidé par le gouvernement, selon lui, de procéder à la révision des marges bénéficiaires du pharmacien. Ce qui pourrait impliquer la modification du prix du médicament ? Pour Louh, elle sera faite sans aucune incidence sur le prix public algérien (PPA). « C'est plutôt dans le but d'encourager la prescription et la consommation du générique. Gagneront plus ceux qui vendront des produits moins chers », a-t-il noté. Ainsi, le tarif de référence concernera 116 dénominations communes internationales (DCI), formes et dosages de médicaments qui représentent 10% de l'ensemble de la liste des médicaments remboursables, au nombre de 1073 DCI. Ces dernières constituent, selon les estimations, 50% du marché. L'instauration de ce tarif de référence se fera progressivement et ils sera applicable dans un délai de trois mois après la publication de l'arrêté, selon Dr Ladada, membre du comité de remboursement du médicament qui a présenté la méthodologie pour la mise en place de ce tarif de référence basé sur des recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), du Programme national de santé et sur le constant des différentes maladies chroniques fréquentes en Algérie. Il a signalé que le délai de révision de ces tarifs est fixé à une année, alors que l'actualisation des DCI se fera chaque trimestre. Dr Bourkaïb, sous-directeur des prestations à la direction générale de la Sécurité sociale, a, quant à lui, abordé les expériences internationales en matière de tarifs de référence et de remboursement du médicament dans plusieurs pays, comme l'Espagne, l'Allemagne, la Hongrie, la Pologne, les Pays-Bas, etc. Le Syndicat des pharmaciens d'officine (Snapo), présent à la rencontre au même titre que toutes les organisations du secteur (Unop, syndicats des praticiens, associations de malades) propose qu'un tarif de référence à l'importation soit appliqué. Pour le Syndicat algérien de l'industrie pharmaceutique (Saip), cette mesure aboutira à la préservation des parts de marché des grands laboratoires. « La production nationale a du mal à épuiser ses produits génériques devant les masses des molécules mères importées », a regretté Chibila Abdelkader du Saip.