Depuis le 14 février, le Liban replonge à nouveau dans un climat de violence. Le monde redécouvre un pays à la stabilité vulnérable et où l'assassinat politique est reconduit comme l'instrument type du changement. Le meurtre à Beyrouth de l'ex-Premier ministre, Rafic Hariri, dans un attentat spectaculaire à la voiture piégée, a sonné le glas d'une paix déjà assez ébranlée par un contexte régional soumis à de fortes tensions. Le 28 février, le Premier ministre Karami démissionne au cours d'un débat parlementaire. Ce « complot » - comme le qualifie Fouad Siniora, actuel Premier ministre - qui a ravi au pays du Cèdre son grand « bâtisseur », a précipité la reconfiguration du champ politique libanais. Une mission d'enquête (onusienne) a été dépêchée sur les lieux pour éclaircir les circonstances et les causes de l'assassinat de Hariri. Plus de 800 000 Libanais ont manifesté dans la capitale libanaise pour exiger la vérité sur l'assassinat de leur idole et désigner du doigt le frère ennemi : la Syrie. Les Libanais, marqués par une guerre civile (1975-1990), ont su surmonter les traditionnels clivages - confessionnel et communautaire. Les premières troupes syriennes quitteront le Liban vers le 27 avril (le 30 du même mois marquera la fin de la présence syrienne). Satisfecit en demi-teinte à l'Onu. La résolution 1559 (2005) n'est pas entièrement appliquée, notamment le désarmement des milices du sud du Liban. Entre le 29 mai et le 19 juin, les Libanais choisirent leurs députés. Les élections législatives ont consacré la « victoire du confessionnalisme ». Le 3 avril, le Liban perd un des piliers de l'opposition, le journaliste Samir Kassir. Le 12 décembre dernier, c'est au tour du député Gibran Tuéni, président-directeur du quotidien Al Nahar, connu pour ses positions antisyriennes de faire l'objet d'une liquidation physique. Le jour même, le magistrat allemand, Deltev Mehlis, présente son 2e rapport d'enquête sur l'assassinat de Hariri, comportant deux traits majeurs : manque de coopération et obstruction à la justice et implication de responsables syriens dans la tuerie de Hariri.