Célébration du 2e anniversaire de l'assassinat de Rafic Hariri, sur fond de violence. Un double attentat a été commis hier dans le nord de Beyrouth dans le quartier résidentiel chrétien de Ain Alak qui a fait, selon les services de sécurité, 3 morts et 18 blessés, au moment où les médias estimaient le nombre de victimes à au moins 12 personnes. Ces attentats ont visé deux bus, transportant des travailleurs, il s'agirait du premier attentat contre de tels véhicules depuis la fin de la guerre civile (1975-1990). Outre de survenir la veille de la commémoration du deuxième anniversaire de l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, les attentats d'hier interviennent au moment où le Liban traverse une grave crise politique, induite notamment par les différends entre le gouvernement de Fouad Siniora et l'opposition quant à la mise sur pied d'un tribunal international devant juger les auteurs du meurtre de Hariri, de même que la nécessité d'organiser des élections générales anticipées. Un porte-parole de la police a indiqué hier, dans une déclaration à la presse, que «selon les premières informations, il s'agit de bombes qui ont explosé à bord des deux bus» dans la région chrétienne résidentielle de Ain Alak, dans le Metn Nord, mais sans être en mesure de déterminer leur origine. Selon cette source, il y aurait eu trois morts, dont un Egyptien, et 18 blessés. Toutefois, les médias beyrouthins, dont l'agence officielle Ani faisaient état d'un bilan plus lourd et donnaient d'autres chiffres, car selon eux, l'explosion de bombes dans les deux bus aurait fait au moins douze morts. Cependant, ce chiffre n'a pas été confirmé de source sécuritaire. Il n'en reste pas moins que ces attentats montrent combien la situation est grave au pays du Cèdre et peut à tout moment basculer vers l'irréparable. Les attentats ont eu lieu dans la région du village de Bikfaya, au nord de Beyrouth, village natal du ministre de l'Industrie, Pierre Gemayel, assassiné en novembre, et de son père, l'ex-président Amine Gemayel, chef du parti Kataeb (phalanges). Y a-t-il une relation de cause à effet dans ces attentats qui ont visé, ostensiblement, le fief des Gemayel, alliés du gouvernement Siniora? En début d'après-midi d'hier, aucune revendication n'a été faite concernant ce double attentat. Attentats qui risquent de radicaliser davantage les positions des uns et des autres, au moment où Beyrouth est quasiment coupée entre partisans du gouvernement, qui occupent la place des Martyrs, au centre de la capitale, avec juste en face d'eux les fidèles de l'opposition qui campent sur cette même place depuis deux mois dans un sit-in permanent jusqu'à la chute du cabinet Siniora réclamé par le Hezbollah et le Courant patriotique de Michel Aoun. Cette escalade de la violence ne semble pas avoir été voulue par les deux parties qui ont multiplié ces derniers jours, et à l'approche de la célébration de l'anniversaire de la mort de Hariri, les mises en garde à leurs partisans respectifs pour respecter l'ordre et de rester dans les normes. Dans une lettre ouverte publiée hier, le président du Parlement, chef du mouvement chiite Amal, Nabih Berri, tout en rendant hommage au défunt Rafic Hariri, promet dans sa lettre de faire du Liban une «oasis de démocratie». De son côté, le Hezbollah, tout en considérant Rafic Hariri comme «un martyr» estime toutefois que «la rue appartient à tout le monde». Le chef de la majorité parlementaire, Saâd Hariri, fils de Rafic Hariri, a violemment réagi aux attentats d'hier, estimant qu'ils visaient à saboter la commémoration, prévue aujourd'hui, de la mort de son père tué le 14 février 2005 lors d'un attentat à la voiture piégée. «C'est un message clair. Ils (les auteurs de l'attentat) veulent dire aux gens de ne pas prendre les bus pour participer demain au rassemblement», a affirmé M.Hariri, dans une déclaration à la chaîne LBC. «Je dis aux gens que demain (aujourd'hui) est une occasion de répéter notre attachement au tribunal international» pour juger les assassins de Rafic Hariri, «alors que le Liban était sous tutelle syrienne», a encore dit le jeune député. «Le tribunal international est une nécessité nationale, pour préserver les Libanais et les protéger contre les assassinats», a ajouté Saâd Hariri qui souligne: «Aujourd'hui, le Liban est en danger, car le régime des assassins (le régime syrien), veut rétablir sa tutelle et empêcher la création du tribunal international», a, par ailleurs, affirmé lundi le fils du défunt Rafic Hariri.