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La martingale algérienne
Extraits. Le premier essai de Abderrahmane Hadj-Nacer
Publié dans El Watan le 16 - 07 - 2011

J'écris, au seuil de la soixantaine et à vrai dire j'éprouve au quotidien un sentiment d'humiliation permanente. Cette humiliation, je la ressens d'abord en tant que citoyen algérien mais surtout, surtout en tant qu'ancien cadre, c'est-à-dire en tant que partie prenante de ce qui aurait dû, normalement, constituer l'élite de l'Algérie. Pourtant, à mon âge, on devrait pouvoir commencer à jouir des fruits de ce que l'on a planté ; être satisfait de son travail, bien vivre dans sa maison et être rassuré sur l'avenir de ses enfants.
Seulement, ce qui, au premier plan, domine, c'est un grand sentiment de frustration. Et je ne suis pas le seul dans ce cas : cette sensation, finalement, je la partage avec la majorité – je n'ose écrire la totalité – de la population. En cela, réside un aspect paradoxal de notre pays. Ce sentiment est légitimement ressenti par les plus défavorisés, ou même par ceux qui se sentent exclus par le système, mais il est également partagé par ceux que l'on nomme les décideurs et même plus surprenant encore, par les rentiers. C'est une des singularités de l'Algérie, que les personnes disposant du pouvoir de décision, du moins en apparence, et qui bénéficient du fonctionnement du système, soient sans cesse en train de le critiquer. Une situation absurde ! (…)
Je retiens ici deux des sens du mot Martingale :
En statistique, c'est-à-dire en calcul stochastique, une martingale désigne un processus aléatoire et dynamique dans lequel le calcul consiste à parvenir à des probabilités plus exactes que celles des bookmakers.
Une martingale est aussi une technique permettant d'augmenter les chances de gain à la roulette, tout en respectant les règles du jeu. Le terme jouit d'un mystère et d'une fascination auprès des joueurs, eux-mêmes, qui pensent ainsi maîtriser des techniques secrètes mais efficaces pour se jouer du hasard. De nombreux candidats au jeu cherchent «LA» martingale qui permettra de battre la banque à la roulette.
Dans la réalité, les martingales ne sont que le rêve de leurs auteurs. A l'étape actuelle de l'histoire de l'Algérie, les maîtres du jeu ne parviennent plus à respecter des règles qu'ils ont eux-mêmes établies.
Et si, malgré tout, nous décidions d'y voir clair ?
Comment expliquer les contradictions actuelles du système de gestion en Algérie, si ce n'est en revenant à ce qui, partout ailleurs et en tout temps, a fait ses preuves. Je pense ici à ce qui m'apparaît, en premier lieu, comme étant la manifestation d'un Etat mature, c'est-à-dire l'existence d'institutions pérennes qui s'imposent aux individus. Quelles que soient la culture, la religion, la période historique, l'existence de telles institutions n'est pas concevable sans qu'elles soient portées par la dialectique autorité/discipline.
Je n'insinue nullement une organisation fasciste de la population. Car le fascisme ou l'autoritarisme sont précisément la négation d'une discipline et d'une autorité, car elles ne peuvent s'exercer sur le long terme que lorsqu'elles sont admises et légitimées par les populations. Parvenir en groupe à ce niveau d'organisation suppose la conjonction, la réalisation de ce que j'appelle les 3 «A» : Accumulation, Anticipation, Arbitrage.
Le matheux, que j'ai été, considère que parvenir à ce triangle gagnant, au sommet duquel je place des institutions qui reposent sur le couple autorité/ discipline, n'est possible qu'à condition que soient réunies les trois «A».
Cet échafaudage repose sur quatre équations qu'il s'agit d'implémenter à la lumière des expériences historiques récentes à travers le monde et dans notre pays :
Un, il n'y a pas de développement durable sans conscience de soi, sans connaissance de l'anthropologie et de la sociologie d'un pays, mais aussi de son histoire et de sa culture, et sans respect de la nature.
Deux, il n'y a pas de gouvernance, selon les standards d'efficacité, sans l'existence d'une élite nationale.
Trois, il n'y a pas d'économie performante sans démocratie, c'est-à-dire sans légitimation par la population.
Quatre, enfin, il n'y a pas de liberté, fut-elle économique, sans un Etat fort.
C'est pour ne pas affronter ces postulats, qui relèvent finalement du bon sens, que les dirigeants algériens courent toujours derrière la martingale gagnante. Ils le font dans le but d'ignorer des règles qui, au demeurant, s'imposent d'elles-mêmes progressivement dans la société, dans une dynamique activée par la généralisation de l'éducation et de l'accès à l'information. Ce refus entêté est la raison centrale expliquant le basculement dans l'informel, tant de la vie économique que de la vie politique, donc, en fait, de tout le fonctionnement social. L'émergence en cours d'individus aspirant à l'exercice de la citoyenneté conduit le pouvoir politique à y répondre en renvoyant en permanence la société à des formes de gestion de la vie sociale obsolètes et opaques, comme le clan, la région, les arouch, la tribu, le Saint protecteur…
C'est aussi pourquoi le partage de la rente, et son corollaire la soumission à un clan ou à un individu, se substitue au contrat social qui s'exprime notamment dans l'impôt. Aux droits fondamentaux, il est substitué différents droits de passage et de cuissage.
Je veux m'attacher à exposer et défendre la combinaison que l'histoire et la raison opposent à la vaine martingale. J'y tiens, car une nation qui ne tolère aucune critique, qui se complaît dans un sentiment de supériorité, une nation qui doit sans cesse être flattée, une nation qui n'affronte pas la vérité et dont les dirigeants croient qu'ils bénéficient d'une forme d'exonération morale et d'une sagesse particulière, une nation dénuée d'humilité est promise à des calamités sans fin.
A ce stade de mes propos, je sens qu'il me faut intégrer cette propension de mes compatriotes à douter qu'une initiative puisse être libre, désintéressée, personnelle sans liens occultes et dimensions de complot. C'est pourtant le cas de cet essai.
Il ne répond à aucun agenda politique ni à aucune commande particulière. Il n'est pas un élément, parmi d'autres, d'une quelconque stratégie politique. En un mot, il n'engage que moi. Cependant, si je me décide à exposer des idées qui auraient très bien pu être cantonnées à quelques cercles fermés où l'on est habitué à refaire le monde et, surtout, le pays sans grande prise de risques, c'est bien sûr avec l'espoir d'interpeller tout ce que notre pays compte comme intelligence et d'inciter à la réflexion et au débat. Dire que le monde évolue et se transforme à une vitesse inimaginable est un lieu commun.
D'énormes recompositions le remodèlent : qu'il s'agisse de l'émergence des BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) ou des CIVETS (Colombie, Indonésie, Vietnam, Egypte, Turquie et Afrique du Sud), ces futurs géants de demain.
Peut-être sommes-nous d'ores et déjà entrés dans une autre phase, celle où prend fin l'âge des nations et où commence celui des cités. Le XXIe siècle ne sera pas forcément dominé par un G2, USA et Chine, et ne sera pas forcément non plus multipolaire autour de l'Inde et autre Brésil émergents. En cette époque où tout semble incontrôlable, les villes plus que les Etats sont en train de se transformer en îlots de gouvernance qui serviront de base à la mondialisation de demain. L'époque, les découvertes technologiques et l'accroissement de la population ont grandement accéléré l'avènement de cette nouvelle vie urbaine. Et ce qu'ils dessinent, ce n'est pas un «village planétaire» mais un réseau de différents villages. Dans ce contexte, aucune nation ne pourra sans doute espérer survivre sans disposer d'au moins un point d'ancrage urbain florissant. Au stade actuel, la mondialisation permet à certaines métropoles d'être moins dépendantes de l'Etat. Nombre d'entre elles pourraient un jour défier les pays qui leur ont donné naissance. Le nouveau monde n'aura plus grand-chose de commun avec le système d'équilibre des pouvoirs du XIXe, ou celui des grandes puissances du XXe siècle.
Combien sommes-nous à caresser ce rêve, pas si fou, d'une Algérie qui compterait enfin, elle aussi, dans la marche et la transformation du monde ? Il ne tient qu'à Elle. Mais l'histoire n'attend pas, ne nous attendra pas. (…)
Au-delà d'un subjectivisme d'Algérois, il faut reconnaître qu'Alger est une ville qui possède des particularités assez rares dans le monde. Elle a une âme. Sa position dans la baie y contribue beaucoup, mais elle a surtout un parler, une musique, une cuisine, des rituels, une identité très forte. Et c'est précisément ce qui pose problème.
Il me revient, aujourd'hui, en mémoire un épisode qui s'est déroulé en 1982. Je travaillais alors au ministère du Plan et avais accepté un logement de 68 m2 à Bab Ezzouar, en préfabriqué, mal assemblé, me permettant de voir à l'extérieur, sans m'approcher de la fenêtre, à travers les interstices des murs. Pour moi, il était évident que je devrais un jour déménager dans ce qui me semblait être le vrai Alger, la vieille ville et plus particulièrement ses hauteurs. Au Plan, j'avais pour collègue un cadre supérieur, originaire de l'intérieur du pays, qui habitait une magnifique demeure sur les hauteurs du Telemly avec une vue sur cette baie qui fait fantasmer tous les Algérois.
Ce cadre passait son temps à clamer qu'il détestait cette ville. Au fil du temps, j'ai décelé les raisons de sa haine. D'abord, il ne faisait aucun effort pour comprendre la ville et aller vers elle. Il se sentait agressé et, plus grave pour lui, son fils, sous l'emprise du charme de la ville, était devenu, lui, un Algérois.
De son point de vue, cette ville ne voulait pas de lui et lui avait volé son fils. Beaucoup de nos dirigeants sont enfermés dans des résidences et ne mettent jamais les pieds dans Alger.
Pour prendre un café, ils prennent l'avion, et quand par nécessité il faut montrer la ville à des étrangers, on chaule à la va-vite les façades haussmanniennes de certaines artères, toujours les mêmes.
La Casbah, qui a besoin de cette matière vivante qu'est la chaux, parce que bâtie avec des pierres vivantes, n'y a pas droit. Alors que les pierres des immeubles haussmanniens ont, elles besoin d'être nettoyées et surtout pas recouvertes !
Je m'interroge au fond sur le fait que, depuis l'indépendance, pour les dirigeants, ne reste digne d'intérêt comme œuvre architecturale que le legs colonial. (…)
L'Algérie est devenue une foire d'empoigne entre partisans de deux conceptions de l'universalité : ceux qui se cachent derrière l'universalité temporelle incarnée par un Occident conquérant et vainqueur, et ceux qui se réclament de l'universalité intemporelle proposée par le salafisme, dont les vérités sont censées répondre aux défis de tous les temps. C'est le rapport au temps qui est en jeu : les uns pensent que le mimétisme des vainqueurs suffit à rattraper le temps. Les autres assurent que devenir les maîtres du temps est possible en se conformant à des dogmes.
Les deux postures, loin de permettre d'affronter les enjeux actuels, conduisent à un déguisement permanent entre ceux pour qui le modèle est en Occident et ceux pour lesquels il est en Orient.
Pour être dans l'universalité, il faut d'abord avoir conscience de Soi et non emprunter aux autres.
Prenons l'exemple du mot «démocratie» : pour les uns, le modèle achevé se trouve en France, pour les autres, c'est la «choura». Les deux se contorsionnent en ignorant l'histoire des idées politiques de notre pays. Pour ce qui nous concerne, nous Algériens, à l'époque où s'exerçait la démocratie athénienne, au moment où s'expérimentait la démocratie à la romaine, en Tamezgha, le pays des Imazighen, se pratiquait ce qu'on appelle aujourd'hui la Djemââ qui irradiait du plus petit village vers la cour des Aguellids. Dans ce même espace de la Méditerranée, se pratiquaient des formes de vie politique proches, et ce n'est guère étonnant. Ce qui en revanche étonne désagréablement, c'est cet oubli de la forme originelle de la démocratie en Afrique du Nord, qui démontre que ce n'est pas une exclusivité européenne.
Le savoir, et le dire publiquement, contribuerait à décomplexer nombre d'Algériens qui se laissent aller à penser que la démocratie n'est pas faite pour eux.
Cela aurait aussi le mérite de renvoyer dos à dos tous ceux, qui en Occident, par simple calcul matérialiste ou par complexe de supériorité, estiment que les populations du sud de la Méditerranée sont incapables de vivre en démocratie et qu'il leur faut absolument être sous le joug d'une autorité peu susceptible d'être contestée, y compris par les urnes. (…) … au XVIe siècle, déjà, un captif espagnol, Diego de Haëdo, observait que les Algériens «ont songé à tout sauf à écrire leur histoire». De la même manière, Ibn Khaldoun, lors d'une de ses traversées du pays, raconte que croisant des bédouins sur les Hauts-Plateaux du Maghreb central par temps froid, constata que ces hommes se chauffaient en brûlant du bois sculpté qui provenait des ruines d'un palais proche.
Ces faits anciens m'ont permis plus tard de comprendre pourquoi la bande dessinée, que j'avais achetée à mon jeune fils, afin qu'il ait un accès ludique à l'histoire de son pays, m'avait effrayé. L'histoire de l'Algérie ne reposait sur aucun récit historique et ne correspondait qu'à une succession d'épisodes violents dont les protagonistes, qui plus est, étaient des étrangers : ils faisaient, eux, donc l'histoire de notre pays.
Ce sont ces blancs de la mémoire et de l'histoire, cette «inconscience de Soi», qui permettent de comprendre aussi pourquoi les Tunisiens n'ont aucune difficulté à s'approprier et revendiquer Saint-Augustin, Les Khâridjites et les Fatimides… Nous n'accordons pas davantage d'intérêt à Apulée de Madaure ou à l'école de mathématiques de Béjaïa. Les programmes scolaires de nos enfants sont à l'image de cette BD. Par comparaison, on peut rappeler que les Français ont, de l'avis des historiens, transformé une escarmouche, sans intérêt à Poitiers, en un mythe de leur identité nationale, organisateur qui plus est, de leurs rapports avec le monde musulman. Pour ce qui est de nous, où sont nos récits fondateurs ? Où sont nos mythes ?
Au tout début de la décennie 90, alors que la France l'y incitait, l'Algérie tentait d'éviter le rééchelonnement de sa dette extérieure, et nous avions pour principaux soutiens l'Italie et le Japon. J'étais alors gouverneur de la Banque Centrale et devais chaque trimestre me rendre au Japon. J'avais des rapports personnels intenses avec Tomohiko Kobayashi, ambassadeur du Japon à Alger.
C'était un diplomate de très haut niveau. Pour preuve, il quitta Alger pour Bruxelles avec une position hiérarchique de tutelle sur toute l'Europe. J'ai bénéficié de nombre de ses conseils, de son soutien, ce qui me permit d'établir des relations de qualité avec quelques décideurs japonais. Avec la subtilité qui les caractérise, mes interlocuteurs à Tokyo me posaient toujours la même devinette : dans un combat opposant un Japonais à un Coréen qui est le plus fort ? Pensant à leur maîtrise des arts martiaux, je répondais
immanquablement : un Japonais. La bonne réponse était : un Coréen, sa constitution physique lui conférant l'avantage.
Les secondes questions venaient alors : «si on opposait 100 Coréens et 100 Japonais qui gagnerait ?»
Naturellement, la réponse était : les Japonais. Pourquoi ? Parce que lorsque l'on est civilisé, l'organisation, l'intelligence collective sont plus importantes que l'individu. Les Coréens ont d'ailleurs retenu la leçon ! (…) De Jugurtha à l'Emir Abdelkader sans oublier les déchirements du mouvement nationaliste au XXe siècle, cette propension des élites du Maghreb à ne pas percevoir l'importance de l'intérêt commun est un élément récurrent de notre histoire. Quand de nombreux Algériennes et Algériens revendiquent le droit de prendre en main leur propre destin et d'avoir leur mot à dire sur la conduite des affaires du pays, ce constat devrait profondément nous interpeller et faire réagir.
Quels que soient l'époque et le lieu, le rôle et la qualité des élites sont primordiaux dans la conduite d'un combat, pour gérer une économie et pour construire un Etat.


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